Les questions incontournables des enfants et les réponses évasives des adultes. Bréviaire à l'usage des parents, des éducateurs et des DDASS

Sous la direction de Michel SOULE, ESF, 1994.

La 21ème journée scientifique annuelle du Centre de Guidance Infantile de l'Institut de Puériculture de Paris s'est penchée en 1993 sur cette manie irritante qu'ont nos chères têtes blondes de poser des questions auxquelles l'adulte n'a pas su lui-même répondre ! Une brochette d'éminents spécialistes viennent tenter d'apporter quelques éléments de compréhension sur cette curiosité parfois bien dérangeante. Qu'il était béni ce temps où l'église et l'université saturaient les esprits de toutes les réponses possibles afin de s'assurer qu'aucune question gênante ne vienne troubler les certitudes absolues alors en vigueur ! Et puis ces civilisations qui remplacent les questions par une initiation qui vient à son heure et que chaque enfant est prié d'attendre sans s'interroger sur quoi que ce soit, auparavant.
L'attitude de la société a changé, même dans notre Occident où, il n'y a pas si longtemps, nombre de sujets et notamment sur la sexualité, étaient tabous et où il n'était pas poli de poser des questions. Non, aujourd'hui enfants et adolescents ne reculent devant aucune, qu'elle soit impertinente ou inouïe. Très vite, ils sont confrontés à l'existence de deux sexes et s'interrogent sur la raison d'être d'une telle dualité. Contrairement à ce que pensait le petit père Freud qui n'admettait qu'un seul sexe digne de ce nom (devinez lequel), il y a bien DEUX sexes. La femme ne sent pas dans son corps ce que sent l'homme dans le sien (et vice versa), mais chacun, dans la relation amoureuse, cherche à se rapprocher de l'autre. Puis, viennent les questions sur l'origine. Dans certaines civilisations, le père est le frère aîné de la mère. Ici et aujourd'hui, c'est bêtement le mari de la mère. Rechercher ses racines est-il une quête si indispensable qu'on le dit ? Autre question : pourquoi travaille-t-on? C'est pour grandir et discriminer ce qui vient de l'extérieur par rapport à notre intérieur, de nos sentiments par rapport à ceux d'autrui. Inévitable est la question sur la mort. Chacun répond plus facilement au comment qu'au pourquoi. Enfant et adulte réagissent par contre à l'identique : tristesse, effroi et stupeur. Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant placé et quels sont les questionnements qui l'assaillent face à tonton-tata, l'assistante sociale et la psychologue qui tournent autour de lui ? Voilà un changement de perspective tout à fait revigorant !
Une journée animée par des psychanalystes ne pouvait se terminer sans une question pertinente sur leur discipline : Mais qu'est-ce donc qu'une psychothérapie ? C'est un moyen de changer de regard sur soi, sur autrui et sur le monde en organisant la capacité à transférer dans le langage son monde intérieur. Joli, non ?
Mais, c'est quoi, le monde intérieur ? Tais-toi et mange !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°274 ■ 22/09/1994