Conflits parents-enfants. Comment maintenir le dialogue
Nancy Samalin, Flammarion, 1996, 250 p.
Voilà un livre qui rassurera plus d’un parent. Il est rédigé par une psychologue d’outre-atlantique qui s’est spécialisée dans l’organisation d’ateliers de soutien aux pères et aux mères en opposition avec leurs enfants. Cette riche expérience est mise à contribution pour illustrer les propos de l’ouvrage au travers de nombreux exemples concrets.
Il arrive souvent qu’un conflit avec ses enfants nous bouleverse tant les choses semblent être allées loin: paroles cruelles et exacerbées tenues de part et d’autre, claquement de porte, gestes de colère ... Rien de plus normal explique l’auteur: plus nous les aimons ces chérubins, plus nous sommes vulnérables à tout un éventail d’émotions dérangeantes. Sans compter que ces altercations sont le plus souvent motivées par la fatigue accumulée, la patience épuisée ou l’impression de s’être laissé dépasser par les évènements. Nous voilà donc rassurés. Mais, restent quand même ces moments minants et fort désagréables. Pour y faire face, il n’existe pas de catalogue de solutions-miracles, car dans l’art d’être parent, il n’y a pas de réponses toutes prêtes. Il est peut-être néanmoins possible d’envisager les réactions qui sont peu efficaces et celles qui permettent au contraire de faciliter la résolution des conflits.
Parmi les attritudes à proscrire, il y a cette violence utilisée la plupart du temps sous le coup de l’emportement. Mais, le châtiment corporel n’affirme pas tant l’autorité que la supériorité physique du fort sur le faible. Il y a aussi cette tendance à vouloir faire payer l’autre pour la rage qu’il a provoquée en nous: la punition est dès lors bien plus un acte arbitraire et rancunier qu’un geste vraiment éducatif. Et puis, il y a la projection sur nos enfants des désirs et aspirations qui nous sont personnelles et que l’on voudrait tant les leur voir adoptées, alors même qu’ils n’en ont rien à faire.
Doit-on alors baisser les bras et tout accepter de nos petits diables ? Nullement: il faut seulement essayer de donner du sens aux conflits en apprenant à les gérer. La colère ? Elle peut être légitime: elle doit alors être exprimée pour ce qu’elle est. La mauvaise humeur ? Elle peut se manifester sans impliquer insultes ou humiliations. Des jeunes étourdis qui ne pensent qu’au jeu ou qui testent les limites de l’adulte dans la confrontation ? C’est justement pour cela qu’ils sont encore des enfants: il est important de
poser très tôt les règles du jeu en trouvant le juste équilibre entre liberté et contrôle. Jalousie et ressentiments entre frère(s) et soeur(s) ? Ces sentiments sont souvent inévitables et réductibles par aucun discours rationnel. On ne peut que les reconnaître en évitant de trop intervenir mais plutôt en laissant la fratrie se débrouiller elle-même. Agressivité et hostilité ? L’enfant va apprendre progressivement à les canaliser et à les gérer. Mais ce n’est pas en ne les tolérant pas chez lui qu’on va l’y aider. Le conflit fait rage? Laissons passer l’orage et tentons de le régler à tête reposée.
Au total, si la critique doit être formulée à chaque fois que cela est nécessaire, cela ne doit pas se traduire par la dévalorisation de l’enfant qui doit continuer à bénéficier d’un amour et d’un soutien inconditionnel et total.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°371 ■ 31/10/1996