Le père exclu: vers une société incestueuse?
La lettre du GRAPE n°24, érès, septembre 1996, 98 p.
La « lettre du GRAPE » existe depuis 1990. Le Groupe de Recherche et d’Action Pour l’Enfance y propose chaque trimestre un thème à partir duquel des chercheurs proposent des pistes de réflexion et d’élaboration. Ainsi, « éthique et prévention », « les travailleurs de l’enfance », « l’enfant et la violence », « les secrets de famille » ont fait la une des 23 numéros déjà parus.
La dernière livraison s’intéresse plus particulièrement à la question de la place du père. Plusieurs contributions au sommaire: à noter celle de Claire Neirinek consacrée à la dimension juridique. « Sans droit, affirme-t-elle, il n’y a pas de père, il n’y a que des géniteurs » rappelant par là-même en quoi la paternité -comme la maternité d’ailleurs- est exclusivement un lien de droit. S’ensuit l’exposé de ce que sont les droits d’être père, de ne plus l’être et d’en avoir un.
Mais l’essentiel de l’opuscule se situe bien dans une logique psychanalytique. Ainsi, Jean Szpirko disserte sur les distinctions entre père biologique, père imaginaire, père symbolique et père réel, pendant que Jean-Jacques Rassial s’interroge sur le lien fraternel comme anti-oedipien. D’autres contributions à la littérature de Stephen King (et plus particulièrement son ouvrage Salem), et à certains films mettant en scène la figure paternelle ou son absence (Smoke, Mon homme).
Finalement, le père s’avère ni plus ni moins absent qu’en d’autres temps: son fondement est surtout passé d’une logique de la parole à celle du sang.
Lieu d’échange, la « lettre du GRAPE » comporte les avantages et les inconvénients d’une tribune où l’on trouve le plus intéressant comme le moins.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°379 ■ 02/01/1997