Conflit conjugal et médiation. Transformer le conflit conjugal. De la justice à la médiation
Louis GENET, 1998, éditions Jeunesse et Droit (16 passage Gatbois 75015 Paris), 147p.
Un divorce réussi sur le plan juridique peut s’avérer catastrophique au niveau affectif (et inversement). L’approche judiciaire et l’approche psychologique ne font pas souvent bon ménage en la matière. Cela n’a rien d’étonnant, au demeurant. Le juge est là pour juger : sa fonction consiste bien à régler les conséquences matérielles, administratives et financières du conflit conjugal ainsi que ses effets au regard de la garde des enfants. Tout ce qui attrait à l’émotionnel ne relève pas de sa compétence. Instauré en 1792, deux après le mariage civil, le divorce est alors conçu d’un point de vue très libéral. Supprimé au moment de la Restauration en 1816, il est rétabli en 1884 mais uniquement pour “ fautes ”. C’est en 1975 qu’est introduite la possibilité de dissolution du mariage par “ consentement mutuel ”. Aujourd’hui, une nouvelle orientation se fait jour : le divorce non-judiciaire. Il aura fallu un peu moins de deux siècles pour retrouver les dispositions de la Révolution française ! “ La justice ne devrait s’en mêler que comme service après vente des relations conjugales qui dysfonctionnement et après l’échec des modes non-judiciaires de gestion des séparations ” (p.84) Celui qui parle ici est avocat. Il préconise l’utilisation de la médiation familiale. L’intervention judiciaire systématique présente de nombreux effets pervers explique-t-il : le dialogue qui subsistait encore avant la saisine du magistrat se crispe très vite, chaque conjoint cherchant à bétonner ses positions. Quand l’affectif l’emporte, le droit et la force ne doivent pas intervenir au premier abord. C’est bien aux techniciens de la relation à agir en premier : “ la fonction du médiateur est de créer un espace temps dans lequel les parties peuvent ressusciter les liens rompus avec le sens de la durée et du recul, sans référence exogène à la loi pour arrêter de nouvelles modalités de vie. ” (p.64).
La médiation a été instaurée en France récemment, par une loi de 1995. Il lui reste à faire passer dans les habitudes le réflexe de la conciliation préalable et ce, malgré les accusations qui sont portées contre elle : favoriser la loi du plus fort, solution défavorable aux femmes, coût prohibitif, perte du statut de “ sujet de droit ”. Mais toute cette argumentation cache mal la menace essentielle : faire perdre le fantastique marché du divorce qui fait vivre tant d’avocats !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°473 ■ 11/02/1999