Fonctions maternelle et paternelle

Sous la direction de Georges GREINER, Dunod, 2000, 162 p.

Les parents sont aujourd’hui très peu étayés dans leur fonction qui reste mal désignée et est fréquemment confrontée à une redéfinition de la part d’une société qui se délite et s’enfonce dans la crise du symbolique. D’où les effets que l’on constate souvent de morcellement et de déstructuration de comportements qui sont dénoncés comme démissionnaires ou incompétents mais toujours responsables de la montée de la violence. C’est dans ce contexte où être père ou mère est reconnu universellement sans que l’on sache vraiment ce que cela met exactement en œuvre, que Georges Greiner s’est entouré de psychiatres, psychologues, éducateur, sociologue, médecin, philosophe pour essayer d’apporter quelques éclairages, en la matière. Notre manière d’être homme ou femme, père ou mère dépend de la façon dont nous avons rencontré, au sein même du fonctionnement de chacun de nos parents, le maternel et le paternel, le féminin et le masculin, alors que nous étions enfant, explique l’un des premiers contributeurs. C’est aussi le produit de ce bébé imaginaire, poursuit un second, que nous avons été dans l’esprit de nos parents et auquel ils nous ont confrontés, mais aussi celui que nous aurions voulu être. L’interaction entre cet imaginaire et ce que nous avons été s’est en outre, trouvé interpellé par tous les incidents de parcours (infertilité, insémination artificielle, fécondation in vitro, amniosynthèse, échographie, naissance prématurée ou à risque). La qualité des soins que nous apportons à l‘enfant en tant que parents ou en tant que professionnel, continue un troisième,  dépend aussi de la qualité de l’intégration de la bisexualité psychique qui est propre à chacun d’entre nous. En fait, l’enfant naît deux fois : la première en venant au monde du vivant, la deuxième en émergent dans le monde humain, celui du langage et de la culture. Et c’est bien autant à cette deuxième naissance qu’à la première à laquelle procèdent les parents. Mais, pas forcément de la même manière. Etre maman, ce n’est pas seulement apporter des soins (cela une infirmière peut très bien l’accomplir), c’est aussi assurer la continuité de l’origine. Le père quant à lui, en faisant limite et coupure, introduit de la différenciation. Ce dernier a connu depuis quelques décennies une profonde mutation de son rôle et de son statut. Pour autant, il n’est pas devenu la mère. Reste la confusion qui est trop souvent faite entre la fonction et la personne qui l’investit. Car ni le maternel, ni le paternel, ni le féminin, ni le masculin ne sont spécifiques à l’un ou à l’autre des deux sexes. Cela ne signifie pas qu’ils soient interchangeables. Mais cela ne veut pas non plus dire qu’il sont radicalement étrangers l’un à l’autre. Ils sont différents et complémentaires, sans que l’on puisse toujours figer les attributions toujours du côté des uns ou des autres.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°563  ■ 08/02/2001