Les ressources de la fratrie
Sous la direction d’Edith TILMANS-OSTYN et Muriel MEYNCKENS-FOUREZ, érès, 1999, 288p.
La verticalité caractérise la relation de filiation, mais aussi l’abstraction, le divin, le symbolique. Elle a dominé toute la société du moyen âge. La pensée moderne a introduit l’horizontalité que ce soit dans l’intervention de la perspective en peinture, du contrat qui relie les individus entre eux ou encore l’explosion du commerce. Alors même que le défi contemporain réside bien dans l’articulation entre une verticalité garante du symbolique et de le reliance et cette horizontalité gage de liberté et d’égalité, il ne semble plus n’y en avoir que pour cette dernière : mondialisation, réseau, domination de la gestion sur la quête du sens...jusqu’aux faire-part de naissance qui se libellent à partir d’une annonce faite par la fratrie ou encore le bébé lui-même comme s’il y avait eu un auto-engendrement hors de toute antériorité. C’est dans ce contexte, que l’ouvrage présenté ici aborde la question de la fratrie et plus particulièrement son rôle dans les thérapies de type familiales et systémiques : « les relations fraternelles ont une influence considérable sur la position sociale ou la relation conjugale que l’individu connaîtra plus tard » (p.38) Si la fratrie ne s’est pas choisie, sa relation reste néanmoins la plus longue (les parents finissent par mourir et les conjoints arrivent plus tard). C’est en son sein que l’enfant apprend à se situer par rapport à ses pairs, à vivre l’expérience de la rivalité et à gérer son agressivité, mais aussi à découvrir la complicité. Au sein de la constellation familiale, chaque enfant va chercher une place en adoptant l’attitude qui lui apportera la meilleure reconnaissance, chacun cherchant à être le préféré de ses parents. La jalousie paraît inévitable : « les parents doivent se faire à l’idée qu’il est normal que leurs enfants se disputent ou se battent jusqu’à un certain point. Chacun défend son territoire » (p.58) Il faut éviter de trop intervenir (au risque d’accroître les défenses agressives de l’un ou de l’autre) pour permettre au sous-système de la fratrie de s’équilibrer de lui-même., Les auteurs explicitent d’une façon précise leur mode d’intervention thérapeutique et la méthode employée pour non seulement intégrer la fratrie dans le traitement de la famille, mais s’appuyer sur elle pour faire avancer la problématique (les enfants en bas âge pouvant servir de baromètre quant à la dynamique familiale et à l’avancée du processus thérapeutique). D’autres aspects sont plus particulièrement abordés : situation de migration, de séparation ou encore de placement. A noter les développements fort intéressants sur ces fratries négligées par des parents en grande souffrance qui leur dénient tout mérite ou tout besoin affectif particulier, au prétexte des efforts ou des difficultés d’un frère ou d’une sœur handicapé.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°566 ■ 01/03/2001