Etudes sur les parentalités
Actes de la Journée d’Etude et de Réflexion proposée le 12 avril 1996 par la Fondation pour l’Enfance (17, rue Castagnary 75015 Paris / 165 p.)
Il convient de distinguer entre la parenté qui désigne une organisation des liens intrafamiliaux et la parentalité qui correspond aux conditions de prise en charge de la vie, de l’éducation et de l’évolution d’un enfant par un adulte. Cette parentalité n’est pas un état mais une fonction dont la construction constitue un processus long et complexe commençant bien avant la procréation et se poursuivant longtemps après.
C’est cette réalité qu’avait choisi d’explorer la Fondation pour l’Enfance lors de cette journée d’Etude au cours de laquelle un certain nombre d’éclairages ont pu être apportés.
Le Docteur Jean-Marie Delassus a notamment rappelé la fragilité d’une institution qu’on croit traditionnellement de toute éternité. Ce mariage fondé religieusement seulement en 1563 au moment du Concile de Trente et civilement en 1804 dans le premier code civil a représenté une forme particulière de relations parentales qui s’effrite sous la poussée de nombre de fissions: dissociation entre sexualité et fécondité, entre fertilité et maternité, entre filiation et parenté... Résultat de cette véritable (r)évolution: une nette séparation entre le couple conjugal et le couple parental.
Autre contribution passionnante, celle d’Irène Théry qui retrace l’historique des familles recomposées qui n’ont rien de récent. Sous l’ancien régime, le veuvage -fréquent du fait de la forte mortalité- ne durait pas longtemps. Mais le remariage entraînait toujours une suspicion liée soit aux menaces que faisait peser le parâtre sur l’héritage du disparu, soit sur les risques de manque d’amour de la marâtre envers les enfants survivants. Aujourd’hui, les beau-père ou la belle-mère laisse la place du père ou de la mère absente sans pour autant chercher un statut d’ami(e) de l’enfant qu’il va contribuer à éduquer. Cette question de la claire place de chacun apparaît essentiel.
Enfin, Gérard Poussin développe longuement les effets parfois pathologiques de la séparation du couple sur la parentalité et dans la relation aux enfants.
Là aussi un opuscule à la lecture instructive et utile.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°391 ■ 27/03/1997