Y a-t-il encore un père à la maison?
Jacques ARENES, Fleurus, 1997, 185 p.
Etre père, explique-t-il Jacques Arènes, se conçoit comme un cheminement plutôt que comme un but. C’est un long travail plutôt qu’une forteresse à conquérir et à garder. C’est d’abord désirer et rêver avant d’être confronté à la réalité des premiers mois de son exercice. Le père d’aujourd’hui est plus câlin et plus physique qu’autrefois. Pour autant, chacun doit savoir garder son rôle : le père ne peut être une mère-bis. « Jamais les pères n’ont été si proches affectivement et peut-être n’y a-t-il jamais eu autant d’interrogation sur leur absence. »(p.25) Les deux parents aspirent à une vraie proximité et à une vraie tendresse au point qu’il arrive qu’aucun des deux ne veuille être celui ou celle qui grondeet donne des limites. Entre la nécessaire présence forte et l’indispensable « lacher-prise », l’équilibre est parfois bien difficile à trouver. Parmi les exigences de la fonction de père, il y a la production d’une authentique protection, d’un amour et d’une sécurité de base pour l’enfant. Il y a ensuite la confrontation de la toute-puissance de ce dernier aux limites de la réalité et aux moments douloureux de l’existence. « Pour un père, initier à la souffrance, c’est tout simplement ne pas trop cacher sa propre souffrance et montrer qu’il y survit » (p.157). Car c’est avec ce père réel et ses failles (qui ne doivent toutefois pas être des gouffres) et au travers des moments de négociation et d’autorité que l’enfant construit son identité. Cette autorité reste essentielle : le rappel aux règles et à la loi est structurant en ce qu’il permet à l’enfant de se jauger, d’avoir accès à sa propre agressivité et ainsi d’apprendre à la limiter et à la contrôler. Autre axe essentiel de cette fonction paternelle, la cohérence tant en ce qui concerne les promesses que les attitudes, l’accord avec la mère ou le simple fait de ne pas exiger de l’enfant ce qu’on ne pourrait pas soi-même mettre en oeuvre. Reste que la paternité n’est pas unique. Elle présente de multiples facettes qui font la saveur et la richesse de la vie.
Jacques Trémintin - Septembre 1997