Un projet de vie pour le maintien à domicile des personnes âgées
Richard VERCAUTEREN, Nathalie BABIN, érès, 1998, 154 p.
Le maintien à domicile des personnes âgées n’est pas une pratique récente. Pendant longtemps, c’était la mère de famille qui traditionnellement s’occupait des anciens, présents au foyer. La salarisation progressive des deux membres du couple et l’allongement de la vie ont transformé le vieil âge en souci nouveau. La loi de 1851 place alors l’hospice au cœur de la politique de la vieillesse : il s’agit de soulager les familles pour leur permettre de se consacrer pleinement à l’effort de production. Il faudra attendre le rapport Laroque pour assister à partir de 1962 à une nouvelle orientation : le maintien à domicile. Les services facilitant cette solution existaient auparavant. Ils vont se multiplier atteignant en 1996 le chiffre de 1547. Il faut dire qu’un coup d’accélérateur sera donné cette année-là du fait même du fort potentiel de création d’emplois que ce secteur présente en situation de chômage important. Service de soins à domicile, travailleuses familiales, aides-ménagères, auxilliaires de vie, centres de soins infirmiers, portage des repas, télé-alarme, hébergement pour personnes âgées, hébergement temporaire, hospitalisation à domicile, hospitalisation de jour, accueil de jour … c’est un foisonnement d’offres de service auquel on assiste, posant inévitablement la question d’une coordination et d’une mise en réseau permettant d’articuler judicieusement l’action médicale et l’action sociale afin de répondre aux besoins matériels, physiologiques et psychologiques des personnes âgées. « Plus on vieillit, moins on a l’impression que l’environnement répond aux besoins qu’ils soient familiaux ou citoyens. »(p.55) C’est d’abord la souffrance face à une solitude qu’imposent les multiples coupures du contexte familial et amical, mais aussi cette impression d’inutilité renvoyée par la société. C’est encore la souffrance d’être aidé : accepter une intervention tierce, c’est reconnaître sa dépendance, devenir tributaire, s’inscrire dans la réalité de fin de vie, s’installer dans une position d’infériorité sociale aboutissant à une représentation de soi dévalorisée. Les acteurs de l’aide qu’ils soient familiaux ou professionnels sont confrontés aux mêmes types de réaction. Ils doivent apprendre à s’y confronter dans un esprit de collaboration et d’entraide. de la part des anciens. Car, la vieillesse est une chance pour notre société du fait même de son inutilité . Elle nous permet de retrouver le principe consistant à donner sans recevoir en contrepartie. L’ouvrage de Richard Vercauteren et Nathalie Babin est riche de réflexions pertinentes. Il nous propose en outre une méthodologie des plus intéressantes sur la construction du projet de maintien de vie à domicile.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°429 ■ 12/02/1998