Heureux qui communique / Pour oser se dire et être entendu

Jacques SALOME, Albin Michel, 1994, 95 p.

Jacques SALOME rencontre beaucoup de succès auprès des Travailleurs Sociaux. Cela est peut-être du à la simplicité et à la limpidité de ses propos qui « parlent » bien et éclairent le quotidien des professionnels de la relation. C’est que ce psychiatre s’est spécialisé dans un domaine qui constitue l’instrument de base du métier: la communication.

Voilà un opuscule qui pose bien les bases de la logique de Jacques SALOME. Même si le propos n’est pas forcément complètement nouveau, il a le mérite d’être posé clairement. L’auteur présente la communication comme une sève fertile qui circule dans les relations humaines. Pourtant, de nombreux disfonctionnements et blocages provoquent une dévitalisation et une déperdition aboutissant à nombre de souffrances et de peurs profondes. Cela provoque à la fois compensation et détresse. Compensation tout d’abord dans la fuite en avant  dans l’agir tant au niveau professionnel que militant (syndicaliste, associatif ou politique). La détresse ensuite qui se manifeste de diverses manières: le culte du paraître, le besoin effréné de loisirs et de voyages lointains et inaccessibles, la surconsommation, l’absorption massive de médicaments.

 Le déficit de communication transformerait ainsi la personne humaine en un être infirme relationnel, inadapté dans le partage et handicapé dans la relation proche. Mais comment donc permettre au relationnel de reprendre le dessus sur le réactionnel, l’harmonie sur l’incompréhension et l’intolérance, la convivialité sur les frustrations et les incompréhensions?

Jacques SALOME propose d’instaurer une véritable « écologie relationnelle » qui permettrait d’utiliser sainement les signes verbaux et non-verbaux, infra-verbaux et ultra-verbaux, afin d’établir des échanges qui soient significatifs et valorisants».

Quelques repères doivent permettre de mieux s’articuler à l’autre.

Il convient par exemple de bien distinguer les 4 niveaux de la relation: il y a les faits et les mythologies (croyances, filtres interprétatifs de chacun). Mais on a aussi le ressenti individuel qu’il faut savoir différencier du ressentiment (charge émotionnelle réactivée à un moment donné). Si déjà on pouvait bien repérer chacune de ces instances, une hygiène relationnelle pourrait alors s’instaurer. On ne confondrait plus sentiment et relation. Tout au contraire, on saurait accompagner nos émotions et reconnaître l’autre et son propre ressenti. On éviterait les jugements de valeur et on ne dicterait plus nos certitudes et nos croyances.  Tout au contraire, on proposerait sans imposer, témoignerait sans convaincre et influencerait sans soumettre. On éviterait de polluer la relation en instaurant une cohérence relationnelle en sachant demander et refuser, donner et recevoir.

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°307 ■ 18/05/1995