Communiquer autrement. Le choix des mots

Éditions Non-violence actualité, Collection Pratiques de non-violence n°2, 2006, 112 p.

Sans mauvaises intentions, il arrive que nos paroles blessent ou causent du tort à autrui. C’est que nos mots, comme nos silences peuvent accuser, juger, condamner et ordonner. Alors qu’ils peuvent tout autant accueillir, soutenir, aider et consoler. La parole sert aussi bien à manipuler qu’à valoriser. Celle qui renforce l’humanité possède la faculté d’exercer une force sans engendrer de domination : elle est symétrique, égalitaire et de co-présence à l’autre. Celle qui se montre agressive peut s’avérer destructrice. Il faut néanmoins savoir distinguer son contenu (annonce-elle un acte ou exprime-t-elle l’état de celui qui parle ?) et son contexte (s’agit-il d’un tête à tête favorable au dialogue ou d’une provocation narcissique à l’intention d’un groupe témoin de l’altercation bien moins favorable à la médiation ?). La violence dans les relations humaines peut être directement reliées à la qualité de la parole. Il y a d’abord la corrélation démontrée avec la richesse du vocabulaire possédé : « si je n’ai pas les mots pour le dire, je n’ai pas non plus les mots pour penser ce qui m’arrive, pour prendre de la distance. Je passe à l’acte contre moi-même ou contre les autres, parce que je ne peux le dire autrement. » La capacité à canaliser et à transformer ses pulsions agressives peut aussi dépendre de l’éducation à une communication qui favorise le respect de l’autre. Et puis il y a la place prépondérante prise par l’affect : moins la personne a été entraînée au dialogue qui restitue la complexité des problématique en cause, plus en situation de stress et de conflit, son cerveau cognitif (néo-cortex) va se déconnecter, passant le relais au cerveau émotionnel (limbique) qui prend alors les commandes pour gérer la situation. Apprendre l’hygiène relationnelle aux enfants est donc essentiel. Mais il faut aussi que les adultes renoncent eux-mêmes à juger, dévaloriser, disqualifier les ressentis, émettre des injonctions, et utiliser le chantage, la culpabilisation et la comparaison pour arriver à leurs fins. C’est ce que nous enseignent des penseurs comme Carl Rogers, Thomas Gordon, Marshall Rosemberg ou Jacques Salomé : ne plus prendre nos sentiments pour des faits, nos interprétations pour la réalité et nous mettre à écouter tant de nos propres besoins que ceux des autres. Promouvoir une autre forme de communication pour soigner les relations humaines.

 

Jacques Trémintin -  Août 2007