Le courrier électronique dans les pratiques professionnelles en éducation, santé et action sociale: usages et effets
MONCEAU Gilles (sous la direction), Ed. Champ Social, 2013, 191 p.
Le courrier électronique prend une place de plus en plus importante dans les pratiques professionnelles. L’occasion pour Gilles Monceau et les universitaires qu’il a regroupés de proposer un pas de côté à l’égard de ces usages. Côté avantage, on ne peut que constater combien les courriels permettent de synchroniser et de hiérarchiser les différentes temporalités nécessaires au travail. Ils facilitent, tout autant, la gestion de l’absence et de la présence, la sienne comme celle d’autrui, permettant la continuité du dialogue qu’interrompent traditionnellement la disponibilité et l’indisponibilité immédiate. Mais ce support possède aussi les défauts de ses qualités. En autorisant la circulation permanente, à flux continu des informations, ainsi que leur traitement en tous lieux et à tous moments, on est passé du fil à la patte à l’enfermement dans un filet aux mailles serrées. Première piège, la tentation ou la contrainte à une réponse sans délai. Seconde conséquence, l’assignation à l’écran devenue la norme : s’abstenir quelques jours de le consulter confronte à un véritable tsunami de messages. Troisième dérive, l’envahissement des messageries comme gage de l’inscription dans la vie sociale, sa diminution pouvant être interprété comme une mise à l’écart. Quatrième inconvénient, cette absence de discernement de certains émetteurs conduisant à une submersion de courriels qu’il faut alors savoir trier, ordonnancer, classer et prioriser. Enfin, dernière dérapage, et pas des moindre, la confusion du cadre spatiotemporel bouleversant la partition entre lieu de travail et espace domestique, temps d’activité professionnelle et temps libre et personnel. Mauvaise utilisation et mauvais utilisateur de cette technologie, réplique-t-on. Certains font le choix de boycotter son usage.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1169 ■ 17/09/2015