Précis d’écriture en travail social. Des ateliers d’écriture pour se former aux écrits professionnels
CROGNIER Philippe, ESF éditeur, 2011, 127 p.
Même si elle n’est pas la seule, voilà une publication utile et bienvenue tant pour l’étudiant désireux de s’y retrouver dans les exigences professionnelles en matière d’écrit, que pour le travailleur social déjà en poste souhaitant se rafraîchir la mémoire, voire se perfectionner. D’une facture délibérément didactique, l’ouvrage de Philippe Crognier définit les tenants et aboutissants d’une pratique qui ne se contente pas d’être une simple retranscription de la pensée, mais qui en est tout autant un organisateur heuristique, favorisant la production de savoirs nouveaux. D’une dimension non fictionnelle et littéraire, l’écriture professionnelle est surtout utilitaire, balisant et régulant le travail. L’auteur détaille par le menu les contenus, formes, objectifs et spécificités de toute une série d’écrits différents. La note d’information portant sur un fait isolé et le rapport qui aide à la prise de décision. Le projet personnalisé ou individualisé qui fixe des objectifs à l’accompagnement assuré auprès de la personne et les moyens d’y accéder. Les courriers d’information, d’accompagnement, de demande de rendez-vous, d’aide financière ou encore de relance destinés, chacun, à un but précis. Les cahiers de liaison à l’ambition très utilitaire, le compte-rendu rapportant l’essentiel des échanges et des discussions ou encore les journaux internes support à la diffusion des valeurs et orientations de l’institution. Le courrier électronique tient une place à part, marqué par une dimension infiniment moins formalisée. Pour une corporation réputée avoir été en délicatesse avec l’école et s’inscrire dans une culture plutôt orale, les travailleurs sociaux passent beaucoup de leur temps à écrire ! Quelle qu’elle soit, leur production adapte sa forme à l’acte de communication qui lui est propre. Selon qu’il cherche à décrire, à raconter, à renseigner, à convaincre, à expliquer, à ordonner ou à faire agir, elle n’utilisera ni la même structuration, ni la même cohérence, ni le même ordonnancement. En distinguer les modalités permet de moduler sa plume (ou son clavier !). L’auteur en fournit les clés, mettant en garde contre l’usage ésotérique d’un jargon usant et abusant des acronymes et des expressions décodables par les seuls initiés. Tout scripteur peut améliorer sa production, en cherchant à apporter une plus grande précision et une meilleure qualité tant à son écriture, qu’à l’objectivation des faits présentés, à son implication qu’à l’analyse des comportements en situation, à la maîtrise de l’espace graphique qu’à celle de l’orthographe. L’auteur termine son propos en décrivant la pratique des ateliers d’écriture qu’il a menés des années durant. Il présente en annexe quelques jeux d’écriture et exemples corrigés d’écrits professionnels. Une méthodologie dont on peut s’inspirer pour progresser.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1169 ■ 17/09/2015