Humanité. Une histoire optimiste
BREGMAN Rutger, Éd. du Seuil, 2020, 426 p.
Et si la vision négative d’une humanité fondamentalement mauvaise, naturellement animée par des réflexes égoïstes, agressifs et violents n’était qu’en partie vraie ? Certes, l’espèce humaine a démontré à travers l’histoire, sa facilité à commettre les pires atrocités. Mais, en y regardant de plus près, il semble qu’elle soit aussi programmée pour se montrer sociable et solidaire, condition sine qua non pendant longtemps de sa survie. Les nombreux exemples décrits par l’auteur le démontrent avec brio. Les bombardements ordonnés sur l’Angleterre par Hitler, puis sur l’Allemagne par Churchill pour créer la panique dans la population ? Ils renforcèrent, au contraire, considérablement les réflexes d’entraide ! La haine entre combattants pendant la guerre 14-18 ? Le 25 décembre 1914, les troupes allemandes et anglaises sortirent de leur tranchée pour participer à une partie de football à l’occasion de noël ! L’île de Pâques ravagée par des habitants inconséquents ? Des historiens donnent une toute autre version : elle fut dépeuplée à partir de 1862, par des chasseurs d’esclaves organisant de gigantesques rafles ! Le roman de William Golding, publié en 1954, « Sa majesté des mouches » qui décrit le comportement autodestructeur d’un groupe d’enfants naufragés, livrés à eux-mêmes sur une île ? L’aventure véridique vécue, en Polynésie, en 1977, par sept garçons échoués pendant un an et demi sur une ile déserte, raconte une toute histoire faite d’amitié et de loyauté ! Pourtant, de célèbres expériences en psycho-sociologie démontrent les dérives potentielles notre espèce … Philip G. Zimbardo qui prouve comment de simples étudiants peuvent se transformer en cruels tortionnaires ? Son protocole était truqué ! L’effet du témoin, inspiré par Kitty Genovese, cette femme poignardée dans la rue sans que les voisins n’interviennent ? Ils la secoururent pourtant. Mais la presse n’en fit jamais état, privilégiant le sensationnel à la réalité ! Comment comprendre ce paradoxe qui fait alterner empathie et asocialité ? En sélectionnant sur plusieurs générations des renards argentés manifestant le moins d’agressivité, Dmitri Beliaïev réussit, contre toute attente, à apprivoiser leurs descendants. Si l’effet placebo favorise la guérison, l’effet nocebo aggrave la maladie. Si l’effet Rosenthal promeut des comportements positifs, l’effet Golem stimule le négatif. C’est l’éducation qui prime.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1307 ■ 14/12/2021