Droit de la famille

Sous la direction de Jacqueline RUBELLIN-DEVICHI, Dalloz, 1999, 895 p.

Le lecteur non-juriste aura remarqué le caractère souvent abscons et rebutant des textes juridiques (le spécialiste en la matière, pour s’y être habitué, ne s’y sera pas forcément résigné). On ne peut pas vraiment dire que cette littérature ait de quoi séduire. Elle n’est pas faite pour cela bien sûr, mais sa lecture a plutôt tendance à faire fuir qu’à donner envie de servir de livre de chevet! De nombreuses raisons, pourtant, incitent à ne pas négliger cette matière. C’est, tout d’abord, la multiplication des lois et l’importance prise par leur application dans notre vie quotidienne. Mais, c’est aussi, le rôle joué par les matières juridiques qui non seulement ont résisté mais semblent s’être nourries du véritable raz de marée qui a submergé, au cours des dernières décennies, les idéologies et les religions. Le droit apparaît en fait comme l’une des modalités les plus pertinentes pour gérer les relations entre les être humains. L’arrestation du dictateur Pinochet, l’action du Tribunal International pour l’ex-Yougoslavie, les balbutiements de la Cour Pénale Internationale, l’emprisonnement, début juillet, sur le sol français, d’un tortionnaire mauritanien … sont des événements qui ont marqué les derniers mois. Cela ne constitue pas, ne soyons pas naïf, l’avènement de la « J »ustice tant attendue depuis des siècles. Ce sont néanmoins les signes de la prééminence de plus en plus marquée d’une manière d’aborder la société humaine et ses turpitudes, par le biais de la loi. En même temps, il faut se garder de faire dire au droit ce qu’il n’est pas, et de lui confier des responsabilités qui ne sont pas les siennes. L’éthique, la psychologie, la sociologie, l’histoire … lui sont complémentaires et interviennent chacune à leur façon pour aider l’homme à gérer dans les meilleures conditions sa vie collective. Pouvoir pleinement utiliser le droit, l’aborder dans ses attributions, profiter de toutes (mais aussi rien que) ses compétences passent avant tout par sa connaissance. La complexité extrême de cette matière a rendu nécessaire que des professions s’y consacrent à plein temps. Il est essentiel de savoir s’adresser aux spécialistes en la matière qui seuls ont la compétence nécessaire pour apporter les bonnes réponses. Mais, il est aussi possible ( et conseillé) de se documenter et d’apprendre à apprivoiser un domaine qui pour être revêche n’en est pas pour autant inaccessible. On peut alors avoir recours aux traités qui y sont consacrés. Là aussi, il convient de faire un choix judicieux. Entre le style « l’avocat chez vous » qui prétend résumer le droit en 220 pages et un précis qui propose l’état de la doctrine et de la jurisprudence en 25 tomes, il faut savoir trouver la bonne publication. Jacqueline Rubellin-Devichi nous présente dans la célèbre collection Dalloz un ouvrage de référence et de grande qualité. Elle s’est entourée pour le rédiger de plus d’une vingtaine de collaborateurs parmi les plus éminents spécialistes. Ils ont tous planché sur un digest du droit de la famille. Après 895 pages d’un travail de titan et plus de 1700 articles, le résultat est des plus passionnant. D’une écriture précise, accessible au novice, c'est tout un pan de notre système juridique qui est égrené de façon à la fois concise et synthétique. Les auteurs ont atteint la gageure d’être clair et compréhensible, mais aussi précis et fiable. Ici, pas d’extraits de textes de lois, seulement des explications, des illustrations et des argumentations. Mariage, divorce, concubinage, filiation, adoption, nom, prénom, autorité parentale, assistance éducative, aide sociale à l’enfance, prestations familiales, obligations alimentaires constituent les principaux chapitres regroupés en trois parties : les couples/ les enfants/ les solidarités à l’égard de la famille. Bien sûr, un tel ouvrage ne se lit pas comme un roman. Il se consulte, se place à portée de main, pour vérifier une connaissance, chasser un doute, approfondir une question méconnue. Cet outil de travail est pratique, efficace et fort bien conçu, avec une reliure souple et solide facilitant la consultation. La frénésie de réforme à laquelle on assiste actuellement en matière familiale et sociale garantit de nombreuses rééditions permettant une réactualisation régulière de données en évolution constante.

Jacques Trémintin – juillet 1999