Travailler pour s’inclure. L’expérience d’ADC propreté

CHAUVIGNÉ Christian, LEROUVILLOIS Philippe, SOUCHET Jean-Luc, Éd. Rue de l’échiquier, 2014, 207 p.

Action politique sous tutelle économique, démocratie grignotée par le marché, solidarité congédiée au profit du « chacun pour soi » … l’action sociale est en train d’échapper aux ambitions de ses promoteurs. Heureusement, des acteurs de terrain se battent contre l’accoutumance aux inégalités (qui explosent) et aux exclusions (qui perdurent). Les équipes d’ADC propreté en font la démonstration quotidienne, eux qui se donnent pour objectif « de permettre aux personnes accueillies des acquisitions professionnelles valorisables (expérience, qualification, savoir-faire et savoir-être) combinées à une situation sociale personnelle stabilisée (logement endettement, santé), de façon à pouvoir accéder potentiellement à un emploi durable » (cf. objet social). Intervenant pour 50% de son activité auprès des HLM, pour 33% dans des bureaux et pour 10% dans les hôpitaux, cette entreprise d’insertion confronte ses salariés à un défi permanent : trouver l’équilibre entre la performance économique et la mission sociale, entre l’insertion et l’épanouissement individuel et les résultats financiers. ADC propreté a réussi à atteindre un niveau d’efficience égal ou supérieur à ses concurrents privés. Mais là n’est pas la satisfaction centrale. Ce qui compte, avant tout, c’est de faire fonctionner une institution « capacitance », apprenante qui participe à produire plus de justice sociale. Les cent quarante salariés qui sont recrutés chaque année, se mettent enfin à imaginer un avenir professionnel, à nouer des relations avec des employeurs potentiels et prennent conscience de leur potentiel. Certes, la masse salariale est de 22 % supérieure à la moyenne, du fait du poids de l’encadrement. Mais, au final, elle fait économiser à la société près de 15.000 € par salarié, en lui évitant les coûts directs et indirects du chômage.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1194 ■ 27/10/2016