Dictionnaire de l’emploi, de l’insertion et de la formation

FUCHS Vincent, Ed. Chronique Sociale, 2011, 672 p.

La mythologie grecque rapporte qu’Hercule réussit avec succès douze travaux particulièrement ardus. Réussissant avec efficacité à nettoyer les écuries d'Augias, il aurait peut-être renoncé à s’y retrouver dans le maquis des mesures d’insertion qui, au cours des décennies, se sont accumulées comme autant de couches d’un gigantesque mille feuille. Ce 13ème travail, il l’aurait sans doute confié à Vincent Fuchs. S’atteler à la présentation de centaines de dispositifs, de contrats, d’institutions, d’acteurs et d’instances du secteur de l’emploi, du travail, de l’insertion et de la formation relève d’une tâche titanesque. C’est pourtant ce à quoi s’est attelé l’auteur, pendant plusieurs années. Le résultat est impressionnant de clarté et de précision : 450 entrées pas sigles, 480 entrées par mots-clé et 80 tableaux et encarts. Chaque notion est à la fois déclinée spécifiquement et à la fois reliée à celles qui lui sont proches. Certains dispositifs sont présentés, même s’ils ont disparu, comme les emplois jeunes (les derniers ayant été pérennisés jusqu’en 2010) ou les stages d’initiation à la vie professionnelle (en vigueur jusqu’en 1991). On peut s’interroger sur la nécessité d’alourdir encore la compréhension de l’ensemble en évoquant ce qui n’existe plus. Sauf qu’ils continuent à vivre dans les représentations collectives du secteur. D’où l’utilité d’y faire référence, malgré tout, pour mémoire. Plonger dans les pages de ce dictionnaire peut paraître parfois rébarbatif. Certes, notre quotidien professionnel ne va pas se trouver révolutionné parce que nous allons savoir différencier le zonage en aires urbaines et celui en aires d’emploi de l’espace urbain. Notre compétence n’est pas subordonnée à notre capacité à distinguer entre les « zones de redynamisation urbaine », les « zones franche urbaine » et les « zones urbaines sensibles ». Mais, au moment où l’on est confronté à ce type de problématique, il peut être utile d’aller se rafraîchir la mémoire, en consultant les articles y afférant. Et puis, chacun peut y trouver son bonheur : sont présentés aussi bien des concepts (« harcèlement sexuel », « diversité » « outsiders ») que les dispositifs spécifiques adressées aux publics fragilisés ou encore la trentaine de lois qui se sont succédées depuis quarante ans. Bien sûr, l’inconvénient d’un tel travail, c’est son obsolescence potentielle liée aux mutations rapides induites tant par les fréquente réformes dans ce secteur, que par la volonté de chaque nouveau ministre de marquer son passage par un énième nouveau plan. Mais, ce livre présente l’avantage de constituer une base existante que l’éditeur aura peut-être l’envie d’actualiser régulièrement dans d’éventuelles nouvelles éditions.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1065 ■ 07/06/2012