La vérité sur l’affaire Jacqueline Sauvage - Contre-enquête
MATHIEU Hélène et GRANDCLÉMENT Daniel, Ed. Stock, 2017, 280 p.
Jacqueline Sauvage est devenue l’icône des femmes battues. Le 3 décembre 2015 sa condamnation à une peine de dix ans de réclusion criminelle était pourtant confirmée en appel, pour le meurtre de son mari. La mobilisation médiatique a convaincu le Président Hollande de lui accorder une grâce partielle début 2016, puis totale à la fin de la même année. Les deux auteurs décrivent dans les détails une affaire dont nombre d’éléments restés ignorés du grand public expliquent la décision des deux jurys d’Assises. Aucun élément ne vient invalider la brutalité de Clément Marot, mari violent dont le sort ultime n’émeut guère. Mais, cette affaire illustre bien la complexité des mécanismes de violences conjugales. Il est toujours difficile de comprendre pourquoi une femme victime subit passivement son sort. Ça l’est encore plus ici. Car, l’emprise dont Jacqueline Sauvage est supposée avoir été prisonnière justifie-t-elle qu’elle n’aie pas protégé ses enfants violés par son mari, qu’elle soit venue le chercher le fusil en main au domicile de la femme chez qui il s’était installé, après l’avoir quittée et qu’elle l’exécute de trois balles dans le dos alors qu’il était assis dans sa véranda ? Décidément, la juste cause de la lutte contre les violences faites aux femmes pourrait bien avoir été salie par un emballement médiatique trop hâtif et doctrinaire.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1228 ■ 03/05/2018