Dans la peau d’un maton
FRAYER Arthur, Ed. J’ai lu, 2012, 384 p.
Comment un journaliste peut-il réussir à écrire un livre sur le milieu carcéral, en dépassant la censure de l’administration pénitentiaire ? S’il se contente de déposer une demande officielle pour y entrer, son ambition risque d’être refroidie. Par contre, s’il s’inscrit au concours de surveillant, s’il suit la formation à sa nouvelle fonction et s’il entre en détention sous l’uniforme, ce sera bien plus aisé. C’est cette folle immersion que nous propose Arthur Frayer qui nous entraîne derrière les hauts murs et les barreaux de ces prisons dont on dit tout et n’importe quoi : qu’elles seraient trois étoiles, qu’elles seraient l’école du crime, qu’elles seraient tenues par les mafias. Loin des idées reçues et des fantasmes, voilà un témoignage qu’il faut avoir lu. Ici, pas de fioritures ni de langue de bois, pas de plaidoyers idéologiques ni de discours officiels. Juste une réalité brutale, réaliste et concrète. Un quotidien décrit avec minutie, précision et réalisme. Ce voyage à l’intérieur des prisons ne nous épargne rien. Il n’est là ni pour se montrer complaisant, ni pour se faire accusateur. On y trouve le pire, comme le meilleur. Et surtout, l’essentiel : le réel d’un enfermement qui était désigné en 2000 par le Sénat, comme une humiliation pour la république. Dix ans plus tard, ce livre montre que rien n’a vraiment changé. Et si le niveau des droits de l’homme se mesurait à l’état des prisons ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1213 ■ 21/09/2017