L’art d’être bon. Oser la gentillesse.

EINHORN Stefan, Belfond, 2008, 221 p.

On dit couramment de quelqu’un qu’il est gentil, quand on le trouve un peu niais ou naïf. Pourtant, il semble, à en croire l’auteur, que la prédisposition à la compassion et à l’altruisme fasse partie de notre héritage génétique sélectionné au cours de l’évolution. La bienveillance à l’égard d’autrui, ne serait-ce que parce qu’elle induit la réciprocité, constitue l’une des meilleurs chances de survie pour l’espèce humaine. Nous avons tout à gagner à être bon envers celles et ceux qui nous entourent et tout à perdre à ne pas l’être. Et pour tout dire, nous naîtrions avec cette compétence innée. Mais, ces meilleures intentions ont toujours été sabotées par l’habitude culturellement bien ancrée consistant à vivre les relations humaines sur le registre du rapport de force. Etre gentil d’une façon authentique, positive et à bon escient est véritablement un art. Ce n’est ni de la flagornerie, ni de la faiblesse, ni un manque de discernement. Ce n’est pas non plus s’abstenir de toute mauvaises pensées. C’est faire preuve dans nos actes de considération envers autrui, lui manifester de la sollicitude par le ton de la voix, le temps qu’on lui accorde, le tact, les sourires, les silences attentifs ou la douceur. Cette attitude n’est pas toujours confortable ni à exprimer sincèrement, ni à recevoir simplement. Au quotient intellectuel qui mesure notre intelligence et au quotient émotionnel qui évalue notre capacité à gérer nos émotions, Stéfan Einhorn propose de rajouter le quotient éthique qui déterminerait notre compétence à accomplir des actes généreux et à agir pour instaurer une société plus humaine. Il refuse d’avoir à choisir entre l’école qui s’en réfère au devoir (obéissance absolue aux lois) et à celle qui lui préfère la recherche utilitaire des conséquences (la fin justifiant les moyens). S’il rappelle que le respect des règles est incontournable pour éviter le chaos, il n’en revendique pas moins la nécessité, parfois, de les transgresser, quand les normes sociales ne correspondent pas ou plus à la réalité rencontrée. Comment réussir à adopter la bonne réponse ? Pour y arriver, il propose de mettre en œuvre cinq outils. Le premier concerne la valorisation des lois qui garantissent l’équité, la libre détermination et la solidarité entre citoyens. Le second est cette capacité de réflexion rationnelle qui permet de dépasser le simple réflexe émotionnel. Le troisième relève de la conscience et de son aptitude à nous servir de boussole intérieure, pour déterminer la conduite à adopter. La quatrième se centre sur l’aptitude à l’empathie, cette compétence donnant la possibilité de comprendre l’autre et de se mettre à sa place. Le cinquième et dernier consiste dans l’utilisation d’autrui comme source de conseils. La combinaison de ces dispositions nous donnent les moyens d’agir avec bienfaisance pour autrui et donc pour nous.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°942 ■ 24/09/2009