Les enfants de DAECH
FONDATION QUILLIAM, Ed. Inculte, 2016, 142 p.
De tous temps, les enfants ont été incorporés pour servir dans les guerres. Encore aujourd’hui, des groupes armés continuent à les recruter dans au moins quatorze pays. S’ils sont souvent enrôlés de force, ce sont aussi parfois des recrues volontaires, fuyant les difficultés familiales et la misère, recherchant une nourriture régulière, une rémunération ou une reconnaissance sociale ainsi que la sécurité et la solidarité que procure le groupe. Employés au départ pour transporter des munitions ou évacuer les blessés, on s’en sert très vite comme espions, éclaireurs ou démineurs. DAECH a poussé cet embrigadement à son paroxysme : très souvent utilisés ailleurs malgré leur jeune âge, l’État islamique les recrute justement pour cela. Instruments de propagande, ils participent aux exécutions, sont envoyés combattre au front ou sont programmés pour des attentats suicides. C’est l’ensemble des mineurs qui fait l’objet d’un entraînement physique et mental des plus violent : endoctrinement, entraînement au maniement des armes, désensibilisation à la douleur et à la violence … Il s’agit de créer de nouvelles générations de combattants encore plus radicalisés. Les enfants qui résistent sont fouettés, torturés ou violés. Leur réhabilitation constitue un enjeu majeur. Ils subissent un fort traumatisme. Mais, on ne peut les enfermer dans le seul statut de victime, alors qu’ils ont pu se comporter comme de vrais bourreaux. S’il faut les responsabiliser face à leurs actes, il est tout aussi nécessaire de les ramener à leur vie d’enfant. Valoriser leur potentiel, reproduire les liens de fraternité qu’ils ont éprouvés, promouvoir leur sens critique et la tolérance à la différence, tel est le programme qui ne peut porter ses fruits que dans un temps long et une application bienveillante, patiente, mais rigoureuse.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1240 ■ 29/11/2018