L’école et les parents, la grande explication

Sous la direction de Philippe MEIRIEU, Plon, 2000, 260p.

Ouvrage collectif regroupant une quinzaine de contributions, cette lecture vaut le détour d’abord et surtout pour l’analyse de Philippe Meirieu qui propose une approche passionnante et d’une grande pertinence. Il explique ce qui semble être au coeur de la question : le cadre scolaire peut être imposé et contrôlé, l’apprentissage, lui, reste un acte libre que pose un sujet qui décide d’apprendre ou de ne pas apprendre : « sans le désir d’apprendre, enseigner est une entreprise vaine » (p.21) En la matière si la contrainte peut parfois être payante, elle ne peut faire l’économie de la confiance explicite (qui espère la réussite et favorise la prise de risque) et la démarche personnelle. Pour répondre à ce défi, deux idéologies s’opposent. C’est d’un côté, l’idéal d’une école sanctuaire dédiée à la transmission de savoirs qui s’imposeraient d’eux-mêmes. C’est de l’autre, la conviction que l’Etat doit proposer un cadre minimum à partir duquel chaque école, chaque enseignant doivent proposer la meilleure pédagogie et s’adapter aux publics auxquels ils sont confrontés. Universalité des valeurs humanistes constituant le fondement de l’Ecole Républicaine et refus d’un fonctionnement d’identifiant à une entreprise, ici. Respect des différences de chacun et encouragement des innovations et dénonciation de l’immobilisme, là. La situation est encore compliqué par la contradiction vécue par tant de parents, eux-même partisans d’une école garantissant les mêmes chances à tous, mais n’hésitant pas à détourner la carte scolaire ou à rechercher les meilleures filières pour leurs propres enfants. Et Meirieu d’en appeler à rendre compatible le bien commun et les intérêts individuels, en favorisant la pédagogie du recours (permettant à chaque élève de bénéficier d’un parcours diversifié) tout en faisant évoluer les instruments de mesure de l’école, de la qualité des résultats obtenus vers la pertinence des moyens mis en oeuvre, sans oublier le pacte qui reste à établir des droits et devoirs réciproques des élèves, des parents et des enseignants. Les autres contributions répondent à la plupart des questions que se posent beaucoup de parents. La paix scolaire dont on rêve tant ? Elle existait bien dans l’école républicaine d’autrefois ... quand 70% des élèves l’abandonnaient avant la 5ème ! Le coût de la scolarité ? Avec une dépense moyenne de 37.200 F par élève et par an l’Etat ne laisse aux familles que 6,9% de la dépense totale d’éducation pour leur enfant. La baisse du niveau scolaire ? On a fait passer à un échantillon aléatoire d’élèves la même dictée qu’à leur prédécesseurs du même âge d’il y a 100 ans. Verdict : contrairement à ce qu’on pense si souvent, les jeunes d’aujourd’hui ont de meilleurs résultats. Les élèves ne savent plus écrire ?  « Epargnons ce temps si précieux qu’on dépense dans le vétilles de l’orthographe » affirmait déjà à son époque ... Jules Ferry qui, pourtant fut celui qui instaura l’école obligatoire.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°587 ■ 06/09/2001