Comment en finir avec les persécutions à l’école ? L’enfant, ni loup, ni agneau. Conseils aux parents, enseignants, éducateurs
G. Deboutte, Chronique Sociale, 1999, 170 p.
L’enfant bouc-émissaire, celui qui est victime de brimades, d’humiliations, de vexations au point d’être le souffre douleur de ses pairs, nous l’avons tous croisé. Certains d’entre nous l’ont défendu, beaucoup d’autres sont restés passifs. Voilà un ouvrage utile et très bien illustré, qui nous vient des Pays-Bas et devrait aider les adultes à réagir, qu’ils soient parents, enseignants ou éducateurs. Il faut d’abord bien distinguer la brimade de la taquinerie. Cette dernière constitue un geste innocent, supportable et de courte durée opposant des partenaires égaux qui, le plus souvent, alternent dans des plaisanteries qu’ils s’adressent mutuellement. Tout autre est cette tracasserie qui consiste, de façon persistante, à faire mal et à tenter de détruire quelqu’un… Coups, mots qui blessent tout autant, vols ou destruction d’affaires personnelles, menaces ou chantage, séquestrations peuvent transformer la vie en un véritable enfer. Toute une série de préjugés doivent être combattus à ce propos. On pense parfois que cela a toujours existé et qu’il est vain de vouloir l’éviter, que cela passe tout seul, surtout si on ne s’en même pas, que la victime provoque ce qu’elle subit, que ce sont toujours les mêmes qui endure ces souffrances (du fait de leur cheveux roux ou de leurs lunettes)… En fait, de nombreuses causes permettent de comprendre le développement de ce type de relation. Du côté des boucs-émissaires, on trouve des enfants faibles physiquement et introvertis, peu sûrs d’eux, angoissés face aux autres et bénéficiant d’une faible estime de soi, qui sont rebutés par la violence et déstabilisés par l’agressivité. Les persécuteurs sont, quant à eux, solides physiquement, agressifs et violents, plutôt extravertis et en bute avec les règlements. Ils se font respecter des autres enfants par la peur qu’ils leurs inspirent. Ils ne supportent ni le stress, ni l’angoisse qu’ils tentent d’évacuer en agressant les autres. Enfin, ils n’arrivent pas à se mettre dans la peau des autres et notamment de ceux qu’ils briment. L’un et l’autre sont, à leur façon, en difficulté et font peser un climat d’insécurité et de tension qui nuisent à la qualité de la vie : l’agresseur adresse un symptôme de sa souffrance qui n’est pas pris en compte, la victime vit dans la peur, la perte de motivation et de confiance en soi. Mais la brimade concerne aussi le groupe qui en est témoin qui a le pouvoir de l’arrêter s’il se mobilise dans ce sens. Le livre se termine par toute une série de conseils adressés aux adultes afin de leur faire prendre en charge la prévention de ces relations qui relèvent d’une maltraitance insidieuse et destructrice : établir un dialogue, renoncer aux attitudes elles-mêmes violentes ou agressives, concevoir des règles de vie avec les enfants qui excluent et régulent ces comportements.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°538 ■ 06/07/2000