Brigitte PROT, Noësis, 1997, 179 p.

Les générations d’élèves se suivent et ne se ressemblent pas. Celles qui usent aujourd’hui leurs culottes sur les bancs de l’école sont marquées au coin d’une réalité bien particulière : perte des références spirituelles, crise de l’éthique, culture de l’immédiat, inquiétude face à l’avenir… “on demande à l’enfant d’être adulte le plus vite possible, alors même que les adultes courent frénétiquement après leur jeunesse” (p.55) Brigitte Prot porte un regard lucide sur la façon dont notre système scolaire réagit à cette évolution : s’il s’est donné comme objectif l’accueil du plus grand nombre et a voulu placer l’élève au centre de l’apprentissage, il a néanmoins gardé une pédagogie élitiste. Piste essentielle pour l’auteur, la motivation de l’élève dont il faudrait apprendre à repérer la panne mais aussi à redynamiser l’élan. Cela passe par la reconnaissance de l’enfant comme une personne unique et en devenir : on doit éviter de l’assimiler à son carnet de note. Le rôle de l’adulte  consiste bien à l’aider à se définir par lui-même et à l’accompagner dans son projet en aménageant des objectifs accessibles et les étapes intermédiaires nécessaires : “ la motivation passe par la restauration du je, qui permet de communiquer avec soi-même et avec les autres de façon plus juste, et de se responsabiliser ” (p.104) Voilà un discours que ne renieraient pas les travailleurs sociaux, eux qui tentent de l’appliquer au quotidien de leurs prises en charge spécialisées. Les méthodes adoptées avec les inadaptés pourraient-elle s’appliquer à la masse des enfants ? L’auteur intervient auprès des élèves comme des profs, en ateliers de groupe comme en individuel pour aider à faire (ré)émerger les motivations et à améliorer la communication. Elle décrit dans un langage humaniste et constructif les modalités concrètes permettant de remettre l’humain à sa place c’est à dire la première en lui proposant comme outils de développement la confiance en soi et l’émergence du désir.

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°437 ■ 09/04/1998