Quand les profs aiment les élèves
VIRAT Mael, éd. Odile Jacob, 2019, 235 p.
Un tabou domine l’école, propagé par les partisans d’une fonction limitée à la seule transmission des savoirs (l’instruction contre l’éducation). La norme dominante rejette toute relation affective accusée de nuire aux apprentissages. Mael Virat fait justice de cette idée reçue, en choisissant non la polémique idéologique, mais une démonstration fondée sur les recherches scientifiques. Des dizaines de milliers d’études menées auprès de millions d’élèves sont unanimes à désigner la relation bienveillante déployée par l’enseignant comme facteur essentiel de progression de ses élèves. Mais, notre pays s’arc-boute sur ses préjugés. L’auteur reprend les allégations les plus courantes pour les démonter une à une. Non, la dimension émotionnelle ne nuit pas au professionnalisme. Non, elle ne menace ni l’impartialité, ni la position asymétrique. Non, elle ne sert pas à suppléer des carences de compétences. Oui, l’amour compassionnel de l’enseignant est source de valorisation et d’efficacité chez ses élèves. Car oui, ceux-ci attendent surtout que l’on prenne soin d’eux. Oui, leur autonomisation est proportionnelle à la sécurité qu’on leur procure. Qu’il le veuille ou non, l’enseignant ressent du plaisir dans l’exercice de son travail, mais aussi de l’excitation, de la joie, de la peur, de la frustration, de la déception, de la culpabilité, de l’inquiétude, de la colère. En s’interdisant des émotions et des sentiments, son déni le confronte à une dissonance cognitive entre ce qu’il éprouve et ce qu’il s’autorise à reconnaître. C’est ce décalage qui l’épuise, bien plus que son engagement affectif. C’est en proposant son écoute et son estime et en lui laissant la liberté de s’en saisir ou non, qu’il peut agir au mieux pour favoriser la confiance en soi et faciliter les apprentissages de l’enfant.