Grandeur et décadence

Rendons hommage au conseil départemental du Gard qui fut le premier à déployer, tout au long des années 1980, une expérimentation des plus innovantes. Il s’agissait de proposer une solution alternative à la fois à l’action éducative en milieu ouvert (AEMO) qui pouvait s’avérer ne pas être assez protectrice et au placement qui réduisait notablement la mise à l’épreuve des compétences parentales. Le juge des enfants prenait la décision judiciaire du maintien du mineur dans sa famille, tout en autorisant l’institution mandatée pour accompagner l’enfant à son domicile, de procéder à son retrait en cas de danger. Le « Service d’adaptation progressive en milieu naturel » fut inscrit dans le schéma départemental du Gard, dès 1990. Le législateur rendra légalement possible cette pratique, jusque-là non prévue par les textes, en 2007. Il n’en faudra pas plus pour que certaines collectivités départementales y voient surtout un moyen de réduire les coûts budgétaires de la protection de l’enfance, en remplaçant plus ou moins systématiquement le placement en famille d’accueil ou en foyer, par un maintien à domicile bien moins onéreux. Pourtant, ce n’est là qu’une des possibilités dans toute une panoplie graduée, le choix dépendant du degré de dégradation de la situation et du niveau des capacités familiales : aides financières, intervention de travailleuses familiales, aide éducative à la demande des parents, puis des mesures décidées par le juge tels que l’AEMO, l’AEMO renforcée, le placement à domicile, le placement séquentiel, le placement avec visite protégée. Se focaliser sur le placement à domicile et / ou en faire une panacée, c’est prendre un risque pouvant s’avérer dramatique.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1269 ■ 17/03/2020