Un cadre de référence pour les séjours de rupture

Qui dit séjour de rupture ne dit pas financement sans aucun contrôle. Bien au contraire, les associations organisatrices considèrent que leur crédibilité est liée à leur capacité de transparence. Explications.

Les séjours de rupture existent depuis un certain nombre d’années. Ils avaient jusqu’alors proposé, chacun de leur côté, leurs services aux institutions qui pouvaient financer leur prestation : les Conseils généraux et, dans une moindre mesure, la Protection judiciaire de la jeunesse. Ce qui aurait pu s’avérer une aventure sans lendemain, s’est avéré une pratique pertinente soutenue par des services éducatifs reconnaissant volontiers leur utilité. Ces  dispositifs se sont donc, au fil du temps,  pérennisés. Pour autant, le constat ne pouvait qu’être récurrent : ils restent fragilisés tant du fait de leur isolement que de leur taille modeste. Il y avait là de quoi non seulement mutualiser les savoir-faire et expériences accumulées, mais tout autant proposer aux pouvoirs publics et collectivités locales un interlocuteur unique. Le 30 juin 2009 naissait O.S.E.R.  (Organisateurs de Séjours Éducatifs dits de Rupture), association ayant pour ambition de fédérer les structures d’accueil du champ médico-social proposant des séjours de rupture agréés et de les représenter. Les 10 et 11 juin 2010, les membres de l’association se retrouvaient à Brest pour travailler à un cahier des charges commun. L’association ne partait pas de rien. Un document avait déjà été conçu, en réponse  à la préconisation du rapport ministériel d’avril 2004. Il avait été produit par différents partenaires (dont Lionel Brunet, Chargé de mission au Conseil général de l’Essonne) regroupés autour de la DGAS. Il s’agissait donc de le réactualiser. Le cahier des charges finalisé s’attache à définir ce qu’est un séjour de rupture, ses bases juridiques, les conditions de son encadrement et les garanties de fonctionnement.  
 

Définition & cadre juridique

Pour définir la raison d’être de ces séjours, le document final commence donc par évoquer la réponse aux besoins manifestés, à un moment donné, par des adolescents d’une rupture ponctuelle avec leur environnement, d’un éloignement temporaire avec leur milieu, d’une  ponctuation dans leur parcours. Mais, il ne s’enferme volontairement ni dans une durée prédéfinie (de quelques jours à plusieurs mois), ni dans la recommandation d’un degré de difficulté initial (le séjour pouvant intervenir autant après une multiplication d’échecs, qu’en première indication de placement, toutes les situations intermédiaires étant admises), pas plus que dans la forme proposée (les projets pouvant être itinérants ou sédentaires, sportifs, à la découverte d’autres cultures, dans une initiation à l’écologie, couplés à des actions de formations locales, associés à des micros projets dits de solidarité et/ou à des actions humanitaires). Acte est ensuite pris de l’absence de texte législatif spécifique, le Code de l’Action Sociale et des Familles s’imposant naturellement, notamment en ce qui concerne les modalités d’évaluation, les droits des usagers ou le projet individualisé. Ce sont les méthodologies traditionnelles du secteur éducatif qui sont appliquées : envoi de bilans intermédiaires, de notes de situation et d’un bilan de fin de pris en charge mesurant l’impact du séjour et traçant les perspectives d’évolution et d’orientation pour le jeune. L’accent est mis sur la co-construction avec le service placeur et la famille tant en amont du séjour que pour sa suite.
 

De multiples préconisations

Le taux d’encadrement n’est pas négligé : il est conseillé d’atteindre au minimum un encadrant pour trois jeunes accueillis, les personnels devant présenter des garanties de compétence et d’expérience. La présence d’une personne de nationalité française mandatée pour représenter la personne physique ou morale autorisée à organiser le séjour est suggérée. Le recrutement de personnels locaux doit remplir des conditions de qualification et de probité morale. Toute une série d’autres préconisations sont proposées, visant à assurer la garantie des conditions de sécurité des jeunes pris en charge. Premier interlocuteur incontournable, le consulat de France qui peut donner tous les renseignements sur les conditions dans lesquelles va pouvoir se dérouler le séjour (stabilité de la région d’implantation, législation locale, démarches administratives à accomplir, moyens de communication disponibles sur place...) Mais, il servira tout autant de précieux relais en cas de difficultés. Le cahier des charges ne se contente pas de rappeler les obligations administratives. Il propose aussi la mise en oeuvre d’un protocole sanitaire précisant les précautions nécessaires (vaccins, traitements préventifs, visite médicale), ainsi que la surveillance médicale des jeunes pris en charge. Il attire, en outre l’attention, sur la nécessité impérative d’un contrat d’assurance permettant la gestion des risques, ainsi que des frais médicaux ou de rapatriement sanitaire et, le cas échéant, l’assistance juridique.

Les associations organisant des séjours de rupture recherchent avant tout une officialisation et une reconnaissance de leur action. Elles veulent à la fois rester libres de leurs initiatives, tout en se soumettant au droit commun. La volonté de proposer un cadre tel que défini dans  ce cahier des charges en est la preuve. Et d’en appeler aux contrôles réguliers de la part des autorités de tutelle invitées à venir vérifier sur place comment fonctionnent au quotidien ces séjours.
 
Contacts : www.oser.me
 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°985 ■ 16/09/2010