Portrait de Guy Cariou

Animateur nature et maître composteur

Le développement durable et le respect de l’environnement : le réflexe écologique a longtemps été le domaine de doux rêveurs, avant de devenir un thème central. Le monde de l’animation s’ y est vite reconnu, contribuant aujourd’hui à le vulgariser.

Guy Cariou est de ceux qui n’ont pas choisi leur travail, par hasard. Ce cinquantenaire, largement impliqué dans la vie de son quartier et de sa ville, co-créateur d’un jardin collectif, animateur de radio et membre actif de plusieurs associations, est venu sur le tard au monde de l’animation. … avec l’envie de transmettre des valeurs pour lui essentielles : gérer son existence, dans un plus grand respect du monde qui nous accueille. En 2006, il suit une formation Beatep, option ASVL (activité sociale et vie locale) environnement, tourisme et patrimoine. Sa sensibilité écologiste pèse sur le choix du projet qu’il mène dans le cadre de ce diplôme : produire un outil pédagogique permettant à un groupe d’habitants de faire découvrir à leur famille, leurs voisins, leurs amis la richesse des espèces sylvestres d’un des parcs de la ville de Nantes : les Dervallières-Chézine. Tout un programme qu’il va mener en s’inscrivant dans les idéaux de l’éducation populaire : faire découvrir la diversité souvent ignorée des ressources de notre environnement, tout en plaçant les personnes en situation d’acteur des actions menées à leur intention. Le groupe d'explorateurs de l'espace...vert verra son travail publié dans le journal de quartier « Couleur Locale », les textes des participants illustrant un plan du parc permettant à chacun de découvrir les différentes essences.

Lutter contre le gaspillage

Nous sommes en 2000, à Saint-Philbert de Bouaine, au centre de la Vendée. La population de cette petite ville de 2.500 habitants se mobilise alors contre un projet d’enfouissement des déchets prévu sur son territoire. Sensible à cette réaction, la commune décide de se lancer dans le compostage collectif. Deux ans plus tard, une plateforme est installée au centre du bourg. Pour nombre d’habitants, le déplacement vers le composteur communal est devenu la promenade hebdomadaire : ils y déposent la partie fermentescible de leur déchets (épluchures, restes de repas, marc de café...). Sous l’action de l’eau et de l’oxygène, les micro-organismes dégradent cette matière qui se transforme en six mois en un compost de grande qualité qui est ensuite redistribué aux amateurs de jardins. L’initiative va essaimer et en 2007, se crée à Nantes l’association Compostri, qui se donne pour objectif d’étendre cette démarche au milieu urbain. Un voyage en Belgique à Ostende et Lokeren, qui le font déjà depuis dix ans, finit de convaincre sur la faisabilité du projet. L’association se lance, avec un certain succès, dans la promotion de cette forme originale et utile de récupération des déchets ménagers. L’idée est simple, mais il fallait y penser : plus on sera nombreux à réutiliser ce que l’on rejette quotidiennement, moins il y aura à entreposer et à brûler dans les déchetteries. Un réflexe judicieux qui ne peut que faire du bien à la planète. En l’espace de trois ans, 9 bacs sont ainsi aménagés en différents lieux de l’agglomération nantaise. L’action engagée prenant de l’ampleur, la pertinence de recruter un permanent s’impose bientôt.

La rencontre

Guy Cariou et Compostri vont se rencontrer en 2009. La sensibilité, la qualification, l’expérience de l’animateur vont convaincre l’association. La démarche philosophique et le projet de l’association séduisent l’animateur. Le 1er juillet, Guy Cariou était recruté : contrat d’avenir sur 1 an, puis contrat tremplin sur 5 ans. A peine embauché, le nouvel salarié se rendit à Londerzeel, dans la banlieue de Bruxelles, pour suivre une formation intensive lui permettant de devenir maître composteur. Il complètera cette qualification par un travail de recherche personnelle qui renforcera ses connaissances scientifiques sur la biologie du sol, l’histoire de la terre, les mécanismes du vivant... Le voilà enfin prêt à remplir sa mission. Avec toutefois, la marque de sa qualification professionnelle : « Je conçois mon action, comme une aide et un accompagnement pour que les personnes montent leur propre projet et non pour faire à leur place. J’apporte toutes les informations et les explications nécessaires, afin qu’elles aient les moyens d’agir. Ensuite, ce sont les gens qui font. Il est essentiel qu’ils s’approprient la démarche du début jusqu’à la fin » explique-t-il. Ainsi, s’il a rendu visite à Atao, le chantier d’insertion qui fabrique les différents modèles de pavillons pouvant contenir respectivement 3 m³ ou 20 m³ de compost, c’est pour comprendre le processus de fabrication, afin de mieux pouvoir conseiller au moment du montage. Mais, ce n’est pas pour jouer le rôle de chef de chantier, diriger les travaux. Même dans la phase d’installation des bacs à compost, il se contente de guider et se refuse de faire à la place.

Expliquer & accompagner

L’une des missions confiées à Guy Cariou consiste à assurer une présence dans les salons et manifestations publiques qui sont intéressés par la présentation des techniques du compostage. En septembre 2009, il a ainsi fait successivement le SAFIR (Salon des fourrages et des initiatives locales) à Chateaubriand, « La folie des plantes » à Nantes, la fête « goût et couleurs » à Saint Herblain ainsi que « Nature en fête ». En avril 2010, il était présent sept jours durant notamment à la « Semaine du développement durable » et aux « Chlorophyle », à Saint Sébastien. Tenir une permanence sur un stand, répondre aux questions techniques des visiteurs, donner des conseils de jardinage, satisfaire la curiosité de celles et de ceux qui découvrent une pratique ancestrale, que notre société avait remisé … les contacts sont riches et diversifiés. Il lui arrive, parfois, d’aider à gérer le tri sélectif qui est proposé au moment des repas. Autre fonction : accompagner des groupes d’habitants désireux de se lancer dans le compostage collectif. Il l’a fait récemment pour un immeuble en co-propriété. Les services techniques de la ville de Nantes ont commencé à en installer dans les jardins publics. Le mode d’emploi de la gestion de ces installations collectives est simple : se rendre au site de compostage pendant les heures de permanence tenues, à tour de rôle par les utilisateurs eux-mêmes, vider son seau de déchets dans le composteur, remuer le tout avec un râteau et verser un peu de broyat, ces copeaux de bois qui détruisent les mauvaises odeurs et aident à la décomposition, inscrire son passage en notant la quantité apportée, afin de récupérer en proportion du compost quand celui-ci sera prêt, dans quelques mois

Sensibilisation

Mais, Guy Cariou intervient aussi auprès des jeunes publics. Les accueils collectifs de mineurs n’ont pas encore fait appel à ses compétences. Ce sont plutôt les écoles primaires qui le font intervenir. Vendredi 7 mai, il participait au forum des sciences et des technologies organisé par Séquoia, le pôle science et environnement de la ville de Nantes. Son stand installé le long d’un jardin pédagogique, jouxtait l’école primaire. Un groupe de cinq élèves de CM² et leur accompagnatrice se présentent. Deux jeunes garçons se précipitent sur les microscopes disposés sur la table. Rappelés à l’ordre par l’adulte qui les accompagne, ils se détachent avec difficulté des appareils qui les ont attirés. Guy Cariou les fait patienter, leur assurant qu’ils pourront bientôt s’en servir. L’animateur commence un récit rapide et didactique sur l’histoire de notre planète, la composition vivante de la terre, les différents animaux qui y grouillent et s’y nourrissent, contribuant ainsi à dégrader les déchets. Plongeant la main dans un sceau contenant de la terre, il en sort des éléments qu’il va disposer sous les microscopes pour rendre visible ce qui y vit. Les enfants semblent comme fascinés, posant leurs propres questions ou tentant de répondre à celles de l’animateur. Daniel Tansaout, militant de la CLCV très active localement sur la question du compostage, prend alors le relais pour expliquer cette technique. « Ce que j’essaie de transmettre, commente Guy Cariou, c’est un geste simple qui se fonde sur une démonstration scientifique. Je suis persuadé que l’on peut combattre les mauvais réflexes et promouvoir de nouveau comportements, en retrouvant des pratiques perdues qui s’appuyaient sur le respect de la vie et de l’environnement ».

Contact : Guy Cariou, association COMPOSTRI : 19, rue Marc Sangnier - 44200 Nantes - 06 08 13 25 12
Courriel : compostri@free.fr
Site internet : http://www.compostri.fr/


Compost : mode d’emploi
Le compostage, c’est d’abord un processus naturel. Depuis toujours, les feuilles tombent, les animaux défèquent, les arbres meurent. Une multitude de micro-organismes va permettre la dégradation de ces déchets qui se transforme en quelques mois en un compost riche et fertile. Il est possible de recréer ce processus, en évitant les effets malodorants du tas de fumier de nos ancêtres. Bien géré, correctement aéré et humidifié le compost constitue une activité à la fois ludique qui, se prolongeant dans le temps, propose une passionnante leçon d’écologie à la fois concrète et instructive. « Le compost n'est pas une poubelle. Il ne faut pas y jeter du plastique, du charbon de bois ou de l'huile de vidange ! Seulement des restes de fruits, de légumes, de viande ou de poisson, de coquilles d'oeufs... Et plus c'est coupé en petits morceaux, mieux c'est ! Ensuite, il faut penser à retourner tout ça tous les deux ou trois mois. Et, comptez neuf à dix mois pour que le compost soit mûr pour le jardin. » explique Guy Cariou.

 

Jacques Trémintin - Journal De l’Animation ■ n°112 ■ octobre 2010