Vive la Mayenne !

Certaines réactions provoquées par la pandémie sont ahurissantes. 

S’il est un réflexe universel quand le danger est proche, c’est bien le repli sur sa communauté d’origine et le rejet de l’autre, considéré tel un pestiféré, comme une menace mortelle. La Covid 19 aura été l’occasion de démultiplier les initiatives de solidarité et d’entr’aide. Mais, elle aura aussi été marquée par des réflexes de survie particulièrement malsains.

La bêtise à l’œuvre

Cela a commencé par l’hostilité face à la migration de près de 200.000 parisiens fuyant la capitale pour se réfugier en province. Ils n’étaient plus des compatriotes rejoignant leur famille ou leur résidence secondaire, mais des envahisseurs porteurs de virus. De fait, aucune contagion ne s’en suivit. Puis, il y a eu ces courageux voisins anonymes incitant les soignants à déménager. Ce n’était plus des héros à applaudir, mais des vecteurs de l’épidémie à dégager. Enfin, une rumeur courut sur ces voitures arborant le « 53 » de la Mayenne qui seraient dégradés sur les lieux de vacances. Et les touristes de ce département, fortement impacté par la Covid 19 au mois de juillet, de changer leur plaque d’immatriculation ! La pandémie nous aura démontré que la ségrégation ne se limite pas à la couleur de peau, à la religion ou à l’ethnie, mais aussi à la région de résidence ou à la profession. Plongée vertigineuse dans l’incommensurable stupidité potentielle du comportement d’un être humain capable du meilleur comme du pire.

 
Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°211 ■ septembre 2020