Mieux vaut tard que jamais !

Quels sont les mécanismes qui expliquent que la classe politique et médiatique s’empare subitement d’un sujet parfaitement connu de tout le monde depuis des années, comme si c’était un scoop ? Mystère !

Que le livre « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet crée l’émotion et bouscule l’opinion publique est une excellente nouvelle.

Mais combien de temps faudra-t-il pour que le soufflé ne retombe et qu’une nouvelle info sensationnelle chasse l’autre ?

Cela fait des années que des lanceurs d’alerte s’époumonnent, que ce soit les acteurs de la justice, de l’hôpital public, de l’école, de la protection de l’enfance, des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, des EHPAD … pour dénoncer l’asphyxie qui les empêchent de bien faire leur travail.

Que nos politiques, subitement, réagissent comme des vierges effarouchées relèvent de la plus grande hypocrisie. Ils connaissent les conséquences de leurs choix. Nos gouvernements successifs peuvent être fiers d’avoir freiné les dépenses sociales. Les sacrifices imposés n’auront pas été vains : entre 2009 et 2018, les versements aux actionnaires CAC 40 ont bondi de 70%. Et, selon OXFAM, les milliardaires ont connu depuis le début de la pandémie de Covid-19 « sa plus forte augmentation jamais enregistrée », de 5 000 milliards de dollars, pour atteindre son niveau le plus élevé à ce jour, 13 800 milliards.

Il faut inlassablement dénoncer ces choix de société qui profitent toujours aux mêmes.

Puisque l’actualité oriente ses projecteurs sur le hold-up lucratif dont sont l’otage certains EHPAD, incitons à la lecture du livre de Victor Castanet.

Mais rappelons aussi le livre de Jean Arcelin « Tu verras, maman, tu seras bien » chroniqué en 2019 dans Lien Socia "lTu verras, maman, tu seras bien " qui décrivait déjà tout ce qu’on semble découvrir aujourd’hui. Rien ne s’est passé depuis. La frénésie affichée ces derniers jours, par un pouvoir sous pression des échéances électorales, ne sert qu’à camoufler son inertie passée, présente et future.

Le problème de ce gouvernement du centre est identique à celui des ses prédécesseurs de droite comme de gauche : non pas s’attaquer à cette ignominie (de plus) que sa politique sociale a engendrée, mais en amortir les conséquences dans l’opinion publique, par quelques effets d’annonce permettant de renvoyer ad vitam aeternam le problème de la dignité de nos aînés.