Un été avec le GCU (5)
-
dans Billets d'humeur
Aujourd’hui : « J’ai testé pour vous ! »
Coup de projecteur, tout cet été, sur un petit bijou de l’économie sociale et solidaire ! Le Groupement des campeurs universitaires, créé en 1936 par des instituteurs dans la foulée des premiers congés payés, est ouvert depuis quelques années à tout adhérant qui accepte ses valeurs, mais aussi son principe central : l’autogestion.
Chaque été, c’est près de 50 000 campeurs qui fréquentent ses plus de 90 terrains. Dans leur quasi-totalité ce ne sont pas des salariés, mais les vacanciers qui en assurent la gestion quotidienne. Avec une ancienneté de plus de 60 ans dans cette association, il était temps que je fasse écho sur ce site des chroniques que je publie dans sa revue « Plein air et culture » depuis dix ans.
Le GCU encourage ses adhérents à suivre des formations PSC1 et prévention incendie, leur proposant même sur certains de ses terrains des stages initiant à ces compétences. L’auteur de ces lignes s’étant glissé dans ceux proposés les 19 et 20 juillet à Saint Saturnin les Apt, il se propose de décrire son déroulement, donnant peut-être l’envie à d’autres campeurs de tenter l’aventure.
Notre belle équipe forte de quinze volontaires prit la route de bon matin pour rejoindre la caserne des pompiers. La consigne avait pourtant été donnée de tourner avant le pont de chemin de fer. Hardiment, le convoi tourna après. Certes les bâtiments qui apparurent étaient là aussi rouges. Mais, nous nous trouvions dans la cour de la coopérative Sylla … productrice locale de vin. Atavisme, réflexe conditionné ou instinct de survie ? Les meilleurs spécialistes consultés divergent quant aux raisons conscientes ou inconscientes de cet acte manqué. Bref, la bonne orientation spatiale ayant été retrouvée, le bâtiment idoine fut enfin atteint.
Le pompier assurant la formation fit preuve d’un sens pédagogique inattendu. En lieu et place d’un discours monocorde et magistral qui n’aurait pas tardé à plonger plus d’un impétrant dans les bras de Morphée, il commença par un tour de table. De l’adolescent entrant en première au patriarche titulaire d’un BAC brillamment obtenu en 1958, la pyramide des âges était dignement représentée. Quant aux origines géographiques, elles n’avaient rien à envier aux étapes du Tour de France. Mais, c’est surtout les expériences de confrontation aux accidents qui intéressèrent notre pédagogue. C’est en surfant sur les expériences individuelles, qu’il déclina le contenu de sa formation, alternant tout au long des sept heures de stage le vécu de chacun et l’apport théorique, égrenant l’information au gré des questions posées, utilisant les témoignages pour illustrer ce qu’il voulait faire passer.
Ne reculant devant aucun sacrifice, le même groupe, en partie renouvelé, suivit le lendemain une initiation comme équipier de première intervention incendie. L’occasion de s’essayer aux différents extincteurs … et de noyer le groupe de magnifiques nuages bleu glacier, quand le modèle à poudre fut utilisé. « Ce n’est pas toxique, ce n’est pas toxique », nous rassura notre pompier confronté à des stagiaires s’éparpillant promptement. On veut bien le croire. M’enfin quand même ! Il n’y avait aucune raison de ne pas faire participer le reste des campeurs à cette joyeuse et instructive séance.
Sous la supervision de l’homme de l’art, une évacuation fut promptement organisée. Huit minutes suffirent pour rassembler l’ensemble des familles présentes sur le terrain. Comme ce court récit a commencé par un gag, finissons-le par un autre ! L’opération évacuation avait été un succès. Une fois l’alarme donnée, l’équipe s’était répartie, passant d’installation en installation, pour regrouper tout le monde sur terrain de volley. L’action avait été efficace et rapide : guide fil (celui qui oriente vers le point de rassemblement) et serre fil (celui passant en dernier pour ne laisser personne derrière) avaient fort bien rempli leur fonction. Nous avions juste oublié un petit détail : aucun d’entre nous, au moment de l’alerte n’avait pensé à appeler les secours ! Mais, que le lecteur se rassure : la note n’était pas éliminatoire. Le retour d’expérience est là pour capitaliser tant les leçons des réussites que des échecs. Gageons que les participants garderont encore plus en mémoire ce détail fatidique, que s’ils ne l’avaient pas omis.
Plus sérieusement, que retenir de ce vécu ? Une telle formation, pédagogiquement habile, menée dans la bonne humeur, avec humour et une bienveillance réciproque constitue une expérience utile et édifiante que tout un chacun devrait pouvoir vivre. Si elle doit permettre de multiplier les adhérents titulaires du PSC1 et de la formation incendie susceptibles de tenir le rôle de référent sécurité, elle donne à chacun des connaissances de base qui devraient faire partie d’une compétence minimale le plus largement partagée par tout un chacun. Elle ne fait de nous ni des secouristes chevronnés, ni des pompiers aguerris, mais de simples citoyens de base initiés aux gestes de premiers secours et sensibilisés aux mécanismes du feu et les bons réflexes à avoir pour y faire face. De quoi, peut-être, sauver des vies et prévenir des catastrophes.