Un été avec le GCU (3)

Aujourd’hui : « Éloge des petits camps délaissés »

Coup de projecteur, tout cet été, sur un petit bijou de l’économie sociale et solidaire ! Le Groupement des campeurs universitaires, créé en 1936 par des instituteurs dans la foulée des premiers congés payés, est ouvert depuis quelques années à tout adhérant qui accepte ses valeurs, mais aussi son principe central : l’autogestion.

Chaque été, c’est près de 50 000 campeurs qui fréquentent ses plus de 90 terrains. Dans leur quasi-totalité ce ne sont pas des salariés, mais les vacanciers qui en assurent la gestion quotidienne. Avec une ancienneté de plus de 60 ans dans cette association, il était temps que je fasse écho sur ce site des chroniques que je publie dans sa revue « Plein air et culture » depuis dix ans.

A côté des terrains vastes et très fréquentés, existent quelques autres particulièrement boudés, ne connaissant que quelques dizaines d’installations se succédant, essentiellement entre le 14 juillet et le 15 août.

Leur intérêt ne tient ni dans les activités qui y sont programmées, ni dans les habitués qui les fréquentent, encore moins dans la chaude ambiance qui les caractérise avec repas collectifs et apéritifs géants. Non : leur attrait est à rechercher ailleurs. Il tient en trois qualificatifs : calme, implication et convivialité.

 Le calme, tout d’abord. Ici pas de risque de se faire réveiller par les ronflements du voisin ou de disposer d’un vis-à-vis plongeant dans l’intimité de l’installation d’en face. Certes, l’instinct grégaire peut inciter parfois à se regrouper. Mais, bien plus souvent, les quelques campeurs présents se répartissent sur l’ensemble du terrain, chacun profitant d’une place à l’ombre et d’un espace alentour où il peut prendre ses aises.

L’implication, ensuite. Pas d’hommes de jour inscrits, pas de liste pour la machine à laver, pas toujours de responsable ou de trésorier attitrés (la durée de séjour de chacun ne le permettant pas forcément). Et pourtant, tout le monde se sent comptable de la bonne marche du terrain. Chacun apporte spontanément sa contribution : ici pour tenter de déboucher un WC, là pour sortir ou rentrer les poubelles, à un autre moment encore pour arroser les fleurs et biner le parterre ou encore pour aller chercher le courrier. Un nouvel arrivant ? Il n’est pas rare qu’il soit accueilli par plusieurs campeurs. Quand il partira, il remplira lui-même sa facture qu’il enverra à Paris accompagnée de son chèque. Ou bien, ce seront des CU restant un peu plus longtemps qui se chargeront de cette tâche, les uns relayant les autres. Le nettoyage du bloc sanitaire ? Il est collectif, chaque campeur se faisant un devoir d’être présent, au point d’avoir souvent plus de paires de bras, que de balais ou de serpillières. Ceux qui ne peuvent être là le jour prévu prennent de l’avance et informent (ou pas) avoir nettoyé telle partie du bloc, la veille. Ceux qui vont partir avant le jour fixé demandent à ce que le rendez-vous soit avancé.

La convivialité, enfin. Quand le nombre de campeurs croît, l’anonymat tend à progresser : le bonjour du matin s’estompe parfois, la conversation à la vaisselle peut tout autant s’étioler. Bien sûr, ce n’est pas toujours le cas. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’avec une poignée d’installations sur le terrain, une certaine proximité s’installe, sans pour autant être intrusive ou envahissante. Juste le plaisir de croiser un visage familier, de renouer une conversation entamée puis suspendue parce qu’on a fini sa vaisselle et de se sentir tous voisins proches.

Mais, chut ! Il ne faut surtout pas ébruiter tous ces agréments. Ils risqueraient d’être par trop séduisants. Trop de publicité créerait de l’affluence. Le charme des camps délaissés s’évaporerait. Ouppps ! Vous n’allez quand même pas publier tout cela dans la revue ?  Si ? Oubliez donc tout ce qui vient d’être dit et ne retenez qu’une chose : les camps très fréquentés sont infiniment plus agréables.