Un été avec le GCU (8)

Aujourd’hui : « Rigueur ou accommodation ? »

Coup de projecteur, tout cet été, sur un petit bijou de l’économie sociale et solidaire ! Le Groupement des campeurs universitaires, créé en 1936 par des instituteurs dans la foulée des premiers congés payés, est ouvert depuis quelques années à tout adhérant qui accepte ses valeurs, mais aussi son principe central : l’autogestion.

Chaque été, c’est près de 50 000 campeurs qui fréquentent ses plus de 90 terrains. Dans leur quasi-totalité ce ne sont pas des salariés, mais les vacanciers qui en assurent la gestion quotidienne. Avec une ancienneté de plus de 60 ans dans cette association, il était temps que je fasse écho sur ce site des chroniques que je publie dans sa revue « Plein air et culture » depuis dix ans.

Appelés à gérer nos terrains, les quelques salariés et les nombreux bénévoles qui investissent ces tâches le font avec leur personnalité et leur caractère. Deux tempéraments brillent par leur antagonisme.

L’un se montre d’une grande rigueur méthodologique, respectant rigoureusement les protocoles et suivant les règlements à la lettre. Strict sur les principes et attentif aux moindres dérives, il n’accepte pas que l’on déroge à un mode de fonctionnement qui se doit d’être suivi, garantie d’une cohérence d’ensemble. Il tend à chercher la bonne réponse et à s’y tenir. Quand il est persuadé l’avoir trouvée, il résiste à toute contestation. Sous son autorité, le quotidien doit se dérouler comme il l’a prévu, programmé et organisé. D’aucuns y voient une psychorigidité obtuse faisant obstacle tant à l’arrangement avec l’imprévu qu’à l’adaptation à la nouveauté, l’obsession, l’obstination voire l’autoritarisme induits produisant une irritation, voire une réaction de rejet.

A l’opposé, se trouve cette appétence à l’accommodation cultivant l’ajustement aux circonstances et refusant tout stress face à l’inattendu. C’est la souplesse et la flexibilité qui l’emportent. Chaque situation nouvelle trouvera bien sa solution. L’ouverture aux avis divergents est privilégiée, comme autant de visions complémentaires venant enrichir les échanges considérés comme nécessaires avant toute décision. Dans cette logique, l’approximation n’est pas un problème, puisque ce n’est pas tant l’anticipation qui compte, que la réactivité au moment où l’évènement survient. D’aucuns y voient une nonchalance et une désinvolture irresponsables, nuisant à la capacité de se projeter dans les conséquences des actes posés et de concevoir une organisation efficace répondant aux besoins des personnes et aux impératifs de l’environnement.

Bien sûr, il n’est pas indispensable de cocher toutes les cases, pour se retrouver ou retrouver l’autre dans ces portraits un peu caricaturaux. Chacun(e) d’entre nous, s’identifiant à certains traits, moins à d’autres, se reconnaîtra certainement sur une échelle graduée, en se positionnant plus près d’une extrémité que de l’autre. Toutefois, aucun de ces deux tempéraments (et leurs variantes) ne saurait être privilégié. Car, tous deux apportent leurs contributions spécifiques, bien que de façon différente, selon les circonstances. A un moment, c’est la rigueur qui s’imposera comme la posture la plus structurante et sécurisante. A un autre, ce sera plutôt l’accommodation qui se montrera la plus adéquate et appropriée. Et si au lieu de s’insupporter réciproquement, chacune de ces postures reconnaissait les qualités de l’autre et s’articulait à elle, au lieu de s’y opposer ?