Non, la fessée n’a pas disparu

En 2022, l’IFOP procédait à un sondage montrant que 23 % des parents continuaient à donner la fessée à leur enfant. La situation ne s’est guère améliorée, si l’on en croit l’étude de la Fondation pour l’enfance publiée le 6 juin 2024 qui faisait état de 81 % de parents reconnaissant user de violences éducatives.

Quelle nostalgie à l’égard de la violence éducative ordinaire ! Ah le temps béni où la « claque éducative », la « fessée-qui-n’a-jamais-fait-de-mal-à-personne » et autres heures passées à genoux sur une règle étaient légitimes. C’était le bon temps où l’on pouvait se défouler comme on voulait, sans culpabiliser …

Depuis, la loi du 2 juillet 2019, a introduit dans l'article 371-1 du Code Civil la notion : « L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. » Rosser son gamin ne vous mènera pas en prison. Vous serez juste en porte-à-faux avec les missions déléguées par la société.

Il y a au moins quatre situations interpersonnelles marquées par une violence longtemps admise, voire banalisée : les officiers sur les soldats, les gardiens de prison sur les détenus, les maris sur leur épouse (rarement dans le sens inverse, mais ça existe) et les parents sur leurs enfants.

Cela fait quand même un certain temps que les officiers et le personnel pénitentiaire sont sanctionnés pénalement, s’ils se montrent violents. Pour ce qui est de la violence conjugale, après une longue période de déni et d’invisibilisation, les tribunaux condamnent sans ménagement les conjoints agresseurs (même quand leurs victimes prennent leur défense). Il ne reste plus que la violence éducative envers les enfants dont le bien-fondé tarde à être remis en cause, non pas dans la loi, mais dans les mœurs.

Il est une réponse courante qui surgit face à l’argumentation anti-fessée : « aujourd’hui, on ne peut plus rien leur dire aux mômes. C’est le règne de l’enfant roi ». Et si l’on modifiait cette phrase en désignant les publics déchus du privilège glauque dont ils étaient anciennement titulaires : recevoir des coups. Cela donnerait :

« Aujourd’hui, on ne peut plus rien leur dire aux détenus. C’est eux qui font la loi »

« Aujourd’hui, on ne peut plus rien leur dire aux soldats. C’est bientôt eux qui commanderont aux officiers »

« Aujourd’hui, on ne peut plus rien leur dire à nos femmes. Ce sont elles qui prennent le pouvoir »

« Ah mais, c’est pas pareil pour les enfants. Eux auraient besoin d’être (re)mis sur le droit chemin … » Ben voyons !

Il va falloir encore beaucoup de pédagogie pour convaincre que renoncer aux coups n’implique pas de laisser l’enfant tout faire ; qu’il est possible et nécessaire de le confronter aux limites imposées par l’adulte ; qu’il peut être destinataire de sanctions. Les moyens existent permettant de le canaliser et de le contenir, sans avoir à lever la main sur lui.