Un silence assourdissant
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dans Billets d'humeur
Des centaines de milliers d’israéliens manifestent, régulièrement, contre leur gouvernement d’extrême droite. Ils revendiquaient le retour des otages que le conflit, entretenu par les criminels de guerre des deux bords, retarde.
Mais, leurs attentes ne concernent que le sort de leurs seuls congénères. Des dizaines de milliers de civils palestiniens massacrés, des millions de déplacés, combien d’autres torturés ? Des régions entières réduites à l’état de ruine ? Et des survivants dépérissant dans des conditions d’existence dominées par la sous-nutrition, les épidémies et l’absence de soins ? Tout cela ne semble guère les émouvoir, ni les concerner.
Les otages israéliens doivent être relâchés sans conditions. Et le gouvernement israélien doit mettre un terme aux massacres qu’il commet. Il est stupéfiant de constater combien la vie humaine n’a pas la même valeur, selon la nationalité. Assassiner 37 enfants le 7 octobre est insoutenable. Mais, il faudrait passer par pertes et profits le carnage de plus de 14 000 enfants de Gaza au nom du « droit d’Israël à se défendre » !
Les racistes, les fondamentalistes et les colonisateurs au pouvoir en Israël ne rêvent que d’une chose : vider des régions entières de leurs populations palestiniennes, pour les repeupler avec leurs colons. C’est le cœur de leur ambition. Que l’immense majorité des israéliens ne se lève pas contre les crimes commis en leur nom questionne sur la responsabilité morale collective de tout un peuple.
Notre pays a connu, lui aussi, une décennie durant laquelle il a exercé une guerre indigne contre un peuple qui voulait se libérer de l’oppression coloniale qu’il lui imposait. C’est en notre nom qu’a été pratiquée sans vergogne la torture, qu’ont été imposés des déplacements forcés de population, que des massacres ont été commis en Algérie.
Je suis fier du courage des milliers de manifestants qui s’élancèrent le 8 février 1962 dans les rues de Paris pour en appeler à la paix. C’était l’une des centaines de manifestations organisées, pendant des années, à travers l’hexagone. Mais cette fois-là, neuf manifestants furent tués par les forces de l’ordre, au métro Charonne.
Je suis fier des 10 831 soldats français insoumis refusant de répondre à l’appel sous les drapeaux, des 886 déserteurs et des 420 objecteurs de conscience récusant le port des armes et de l’uniforme : gloire et respect à ces 12 000 jeunes courageux qui auront sauvé l’honneur de notre pays !
Je suis fier d’être le fils d’un homme qui s’est farouchement battu contre la guerre d’Algérie. Je n’ai jamais eu à lui demander des comptes sur son éventuelle passivité, voire complicité avec les crimes commis par l’occupant français. Il fut acteur, à son niveau, de la protestation contre la répression coloniale.
Cette même question peut, dès à présent, être posée à tout israélien, mais aussi à tous ces gouvernants du monde qui laissent les massacres se perpétrer et se perpétuer, en se contentant de vagues protestations hypocrites. A toutes et à tous, aujourd’hui et demain, la même question peut et pourra être posée : qu’avez-vous dit, qu’avez-vous et fait, quand des milliers de palestiniens crevaient sous les bombes israéliennes ? Qu’elles sont bien inaudibles les voix des habitants d’Israël qui peuvent/pourront répondre avec dignité, la tête haute. Cette nation trainera pendant longtemps cette tâche indélébile marquée au coin d l’ignominie, de l’indignité et du déshonneur. L’occasion de rendre hommage à Tal Mitnick, jeune pacifiste refusant d’endosser l’uniforme de l’armée israélienne pour ne pas être complice des crimes qu’elle commet Ce jeune Israélien refuse de faire la guerre à Gaza - YouTube. Mais aussi d’un Meir Barouchin, professeur arrêté et destitué pour avoir protesté publiquement contre la guerre colonialiste engagé par son pays (Ce professeur israélien a été accusé de trahison contre son pays - En Société du 22 septembre 2024 - YouTube).
Mais, on ne saurait éviter de questionner aussi les défenseurs de la « cause palestinienne » : qu’avez-vous ressenti, qu’avez-vous fait, qu’avez-vous dit le jour où fut commis l’ignoble pogrom du 7 octobre 2023 ? Le massacre de femmes, d’enfants, de vieillards ne peut être ni justifié, ni excusé, ni légitimé, même quand tout un peuple ploie sous le joug colonial depuis près de 80 ans !
Ne laissons jamais personne commettre des crimes en notre nom, sans dénoncer les violations des valeurs qui nous sont les plus chères !