Fêter ou pas?

Chacun(e) d’entre nous va fêter dignement cette fin d’année. Si les rites sont importants, rien n’interdit d’en identifier les origines.

Les fêtes musulmanes pénètrent progressivement notre univers culturel. Les thuriféraires du « grand remplacement » crient à la fin de notre civilisation. Pourquoi fêter noël, la galette des rois, les cloches de Pâques … et pas le ramadan ? Pour les uns, la laïcité interdit toute manifestation à caractère religieux. Cette conviction a bon dos, quand elle promeut nos « racines chrétiennes », pour mieux cultiver l’islamophobie. Pour les autres, c’est avant tout éviter d’en privilégier une en particulier : on les accepte toutes ou aucune.

J’ai beau afficher un athéisme ayant eu du mal à supporter le ramdam autour de la rénovation du temple de la superstition qu’a été, qu’est et que sera toujours ce bâtiment religieux victime d’un incendie au cœur de Paris, je me réjouis de la construction d’une mosquée dans ma ville. Toutes les religions sont à mes yeux des idolâtries fétichistes. Mais je me battrai toujours pour que leurs croyants puissent les pratiquer en toute liberté, du moment qu’ils foutent la paix aux autres.

Mai, en cette fin d’année, chassons ces vaines querelles. Penchons-nous plutôt sur les origines de toutes ces coutumes ancestrales qui mêlent traditions populaires, mythes païens et symboles religieux sans qu’on sache le plus souvent les distinguer.

Le Christ serait né dans une crèche ? C’est aussi à cette date que Mithra, Dieu d’origine iranienne auquel on sacrifiait pain et vin (l’eucharistie des chrétiens ?), naît dans une grotte où il est adoré par des pasteurs (grotte de la nativité ?).

La date de naissance fixée au 25 décembre ? Les romains de l'Antiquité révéraient le solstice d’hiver, comme beaucoup d’autres traditions. Cela prenait la forme des Saturnales, une fête durant du 17 au 24 décembre au cours de laquelle des cadeaux étaient offerts (leur Père noël à eux ?), les maisons étaient décorées avec des plantes (leur sapin à eux ?) et des bougies étaient allumées (nos maisons illuminées ?). Vous avez dit récupération ? Meunnnon ! une coïncidence, juste une coïncidence…

La galette des rois qui est censée célébrer la visite des rois mages à l’enfant Jésus ? Elle trouve ses origines dans l’épiphanie fêtée là aussi dans la Rome antique : les rôles étaient inversés entre maîtres et esclaves, ces derniers devenant « roi » d’un jour, un enfant se glissant déjà sous la table, pour désigner la part de chaque convive.

Les œufs rapportés par les cloches de Pâques se réfèrent à la résurrection du Christ ? Ils sont tout autant le symbole du solstice d’été : la renaissance de la nature après de longs mois d’hiver.

Rien que pour rire, ne pourrait-on pas accuser la religion chrétienne d’une forme d’appropriation culturelle pour cette honteuse imitation de ses prédécesseurs/consoeurs ? Il faudrait pour cela que les différents cultes n’aient pas cessé de se copier les uns, les autres à travers l’histoire. En réalité, ils se sont inspirés réciproquement. Y compris dans leur adhésion commune inconditionnelle au patriarcat, à l’homophobie, à la haine des femmes et à la bénédiction des guerres. Mais ça, c’est une autre histoire …