Billets d'humeur (2012 à 2015)
Du meilleur au pire !
Les massacres du début janvier ont produit un véritable tsunami de solidarité, de tolérance et d’humanité, exactement ce qui manque aux fondamentalistes de toute obédience. Des millions de citoyens se sont retrouvés coude à coude, pour défendre la liberté d’expression. Les amalgames et stigmatisations racistes ont été marginalisés. Tout au contraire, une vague de nouveaux nés ont été appelés Charlie. Car, se réclamer du journal martyre, c’est s’identifier au symbole capital des droits de l’homme. Pourtant, l’unanimité affichée a été source de
« Discount »
Sorti sur les écrans, hier 21 janvier, « Discount » propose un scénario profondément immoral : des employés d’une supérette décident de prélever une partie du stock de marchandises et de les revendre trois fois moins cher. Les bonnes âmes pourraient bien s’en offusquer. C’est vrai que l’on préfère, en général, les films décrivant le casse du siècle dans une banque, que d’assister au spectacle déplorable de ces pauvres qui « volent les voleurs ». Quoique, en y réfléchissant, cette immoralité est infiniment moindre que celle imposée par notre
Mourir dans la dignité
A qui appartient l’enfant ?
Sa compagne avait accouché, alors qu’il était incarcéré. Mais, il avait néanmoins reconnu son enfant. Il apprit, bien trop tard, que la mère avait choisi de remettre le bébé en vue d’une adoption. Le Conseil général confie Corentin, le 13 juillet 2013 à 9h00, à un couple candidat. A 11h30, il reçoit un fax de l’avocate du père demandant d’interrompre la procédure. Puis, le silence : plus ne nouvelles du père. Le choix est fait, alors, de ne pas retirer l’enfant, en attendant un nouveau contact du père qui se manifestera en octobre. Par deux
Galéjade
Nos amis lacaniens adorent le double sens des mots. En linguistique, cela s’appelle un homographe. Vous savez « le mousse qui gratte la mousse » sur la coque du bateau. Pour le commun des mortels, c’est l’occasion d’un calembour. Pour certains psychanalystes, c’est une ouverture sur l’inconscient qui se manifeste ainsi. Une lecture d’été m’a fait découvrir l’un de ces jeux de mots, interprété comme une authentique explication d’un comportement problématique. Je me suis amusé à le mêler à trois autres que j’ai totalement inventés. Je fais appel
Jeux de vilain
« En manipulant sa carabine 22 long rifle, il tue sa sœur » titrait la presse en mai 2013. En France, un tel fait divers tragique ne pourrait se dérouler que chez les chasseurs, catégorie de la population à l’origine d’une cinquantaine de morts, en moyenne, tous les ans. Aux États-unis, cela s’est passé dans une famille ordinaire : un garçon de cinq ans a atteint mortellement sa sœur de deux ans, avec le fusil spécialement conçu pour les enfants, que ses parents lui avaient offert en cadeau ! Un pays qui, non seulement, laisse ses enfants
Deux poids, deux mesures
Le mythe sécuritaire a naturalisé le crime : il y aurait une essence de la transgression pénale qui serait universelle et s’appliquerait à toutes et à tous, quelles que soient la culture, la nation ou la volonté du législateur. Un fait divers intervenu, cet été, démontre exactement le contraire. Deux touristes françaises voyageant en Géorgie n’ont pu regagner la France, qu’après avoir payé chacune une amende de 2.500 euros. Il leur était reproché de posseder du Dafalgan, un banal médicament contre la douleur vendu librement en pharmacie en
Inquisition
Les grenouilles de bénitiers ont encore frappé. En Loire Atlantique, elles ont adressé un courrier à mille chefs d’établissement scolaire du département, pour les informer qu’une « veille active » serait exercée par des parents volontaires, sur le déroulement de la scolarité. S’agit-il de vérifier si le bénédicité est bien dit, avant chaque repas ? Si les élèves suivent mâtines et vêpres, en début et fin de journée ? Si tous les internes portent bien leur ceinture anti-masturbation, avant de se coucher ? Vous n’y êtes pas : ce qui est lancé
Nostalgie
Il est des bâtiments qui laissent un curieux sentiment de mélancolie, surtout quand ils ferment …
Elles ont éclos, après la libération, comme des champignons après la pluie, mais disparaissent les unes après les autres, victimes d’une règlementation de plus en plus stricte, de mises aux normes de plus en plus coûteuses et des appétits de plus en plus voraces de promoteurs immobiliers sans scrupules. Les colonies de vacances situées dans des endroits étonnants, avec vue imprenable sur la mer, sont rachetées et transformées en luxueux complexes
Bizutage
Le 7 juillet, quatre jeunes adultes ont été condamnés à huit mois de prison avec sursis et huit mille euros de dommages et intérêts. Leur délit ? Avoir participé, à l’université Paris Dauphine, à un bizutage. A la rentrée 2011, ils avaient poussé très loin les humiliations infligées à un étudiant : torse nu, le pantalon baissé et à genoux, des lettres avaient été gravées dans son dos, à l’aide d’une capsule de bière. Pour leur défense, les prévenus ont évoqué le poids de la tradition. Interdites par une loi de 1996, ces pratiques perdurent