De l’insulte au juron : comment réagir ?
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Petit état des lieux
Familières à tout un chacun, les expressions insultantes seraient innommables. Les nommer reviendrait à légitimer leur dimension ordurière, indécente et dégradante. Osons nous attaquer à ce tabou, en nous émancipant de tout jugement moralisateur.
Prolongement des gros mots proscrits dans l’enfance et réprouvés à l’âge adulte, l’insulte et le juron n’en restent pas moins d’utilisation courante. De quoi parle-t-on exactement ? Définir pour mieux comprendre : c’est la première étape de notre réflexion. Que les plus chastes et les plus prudes de nos lecteurs passent cet article, s’ils craignent de se sentir offensés par l’étalage de grossièretés. Gageons que, malgré tout, leur curiosité l’emportera.
De l’outrage …
L’insulte tout comme l’injure (voir la différence qu’en fait Béatrice Fracchiolla) expriment un mépris, une blessure et un irrespect destinés à atteindre l’autre, en le diminuant, en le rabaissant, en l’humiliant. Elles sont le produit d’un mécontentement, d’une frustration, d’une colère ressentis au plus profond de soi et qui, ne pouvant être maîtrisés, submergent son auteur qui laisse alors exploser ses ressentiments et son agressivité. Elles utilisent plusieurs registres destinés à déshumaniser autrui. Les références fleuries sont multiples, mais ont en commun d’utiliser des comparaisons dégradantes. Elles s’inspirent de la sexualité (putain, con, couillon, pédé, branleur, trou du cul, garage à bite…) ou de stigmatisation de la féminité (garce, grognasse, boudin, fils de pute, chienne, connasse) ; de la scatologie (sac à merde, fumier, pourriture, raclure de bidet, face de pet, étron, ordure, crotté) ou de l’animalité (porc, triple buse, peau de vache, doryphore, tête de mule, mollusque, truie, limace, punaise) de l’attitude jugé immorale (lâche, incapable, glandeur, minable, sauvage, pignouf, mauviette, lopette) ou de l’origine soit ethnique, soit géographique ou religieuse (youpin, rosbif, chintok, pèquenaud, fritz, moricaud, niakoué, bougnoule, négro). La catégorie du handicap psychique constitue une source particulièrement prisée. La médecine a désigné la déficience intellectuelle ou la maladie mentale par un certain nombre de mots qui n’ont pas tardé à être réinvestis dans le vocabulaire de l’insulte : imbécillité, débilité, crétinisme, mongolisme, trisomie.
… au juron
Il faut distinguer l’insulte du juron. Si la première cherche à offenser autrui, le second n’a comme seule fonction que de libérer une tension et/ou d’évacuer une contrariété ; d’exprimer un mouvement d'humeur et/ou de libérer une émotion forte qui peut être la colère, la surprise ou la joie ; de donner une intensité particulière à un discours et/ou pour attirer l’attention sur un propos donné. « Merde », « putain », « fais chier » seraient le trio de tête des expressions préférées des français. Plus bénins sont les « flute », « zut », « mince » et « fichtre ». Ces écarts de langage ne sont pas légitimés par les normes de politesse qui les réprouvent et les combattent. Mais, ces grossièretés sont largement partagés : 80% des hommes et 58% des femmes admettent être régulièrement grossiers au travail. Bien sûr, elles ne peuvent être officiellement ni validées, ni valorisées. Mais, reconnaissons-le que cela fait du bien de se lâcher ainsi. D’autant que les expressions évoluant dans le temps et l’espace, celles en vigueur dans le passé recouvrent aujourd’hui un charme et une poésie qui appartenaient autrefois au registre de la pire des vulgarités. Georges Brassens en fait une liste non exhaustive dans une de ses chansons (« La ronde des jurons ») : morbleu, cornegidouille, sapristi, jarnicoton, scrogneugneu, saperlipopette, ventre saint gris, peste, diantre, fichtre et foutre, cré nom de nom ! Réservé à l’espace intime, le juron peut aussi être utilisé pour renforcer l'expression, sans qu’il y ait là une signification réelle, comme l’interjection « con » qui parfois scande les phrases dans la région toulousaine. Bien que blâmés et censurés, les insultes et jurons résistent aux règles de bienséance.
Merde !
A la veille d’un examen ou d’un entretien d’embauche, il est de coutume de dire « merde » au candidat. Drôle de coutume assimilant la réussite à un étron ! L’origine de ce rite nous vient du théâtre, à une époque où les spectateurs de la noblesse et de la bourgeoisie, friands de ce spectacle, s’y déplaçaient en calèche. Les chevaux qui attendent leur passager se soulageant, plus il y a de crottin, plus la pièce triomphait. Souhaiter de la merde revenait donc à espérer le succès. CQFD !
Au-delà de la vulgarité
Contrairement au traditionnel jugement réducteur qui la stigmatise, l’insulte est riche d’un contenu polysémique. Qu’elle entraîne une confrontation violente ou prenne la forme d’un habile jeu de mots, elle doit être décodée à partir de son contexte.
Avant la bataille, les guerriers assyriens et babyloniens, tout comme les fils d’Israël ou les héros de l’Iliade multipliaient les injures à l’intention de leurs ennemis pour se donner du courage et les défier : « cousins de crapaud », « fils de boeuf », « moules à tarte », « poètes aux pieds sales », « verrues », « lâches ». Trois milles ans plus tard, les bandes de jeunes qui se font face, procèdent au même rite avant l’affrontement : « bande de nazes », « bâtards », « nique ta mère », « enculé de ta race », « crevures ». Aussi loin que la mémoire humaine remonte, l’invective et l’insulte semblent avoir accompagné les relations conflictuelles entre humains. Mais, cette joute verbale utilisant les insultes peut aussi prendre une forme ludique. Dès le Moyen âge, on trouve dans le sud de la France des affrontements oratoires entre jouteurs s’invectivant en vers, utilisant l’affront pour marquer des points sur son adversaire. Les freestyle battles issues de la culture hip-hop contemporaine en sont les dignes héritières. Ce tournoi oppose deux rappeurs s’invectivant à grand renfort de rimes improvisées. Il est totalement maîtrisé par des compétiteurs qui respectent les règles, un arbitre garant de la régularité de l’affrontement et un public juge de la qualité des insultes et des moqueries utilisées. Le film 8 Mile, mettant en scène la biographie du rappeur américain Eminem, décrit très bien cette confrontation entre bandes rivales qui préfèrent utiliser le défi verbal comme arme principale, en lieu et place d’une bataille armée. Dans les affrontements guerriers, l’insulte encourage l’agressivité, excite la fureur et décuple le déchaînement des coups. Les battles, quant à elles, substituent la violence des mots à l’agression physique. Et pourtant, ce sont les mêmes invectives qui sont utilisées.
Une frontière ténue
Comment expliquer qu’une même expression puisse être ressentie parfois comme un affront justifiant une réplique et, en d’autres circonstances, comme une habileté entraînant prestige et admiration ? Parmi les réponses possibles à cette question, l’une d’elles est essentielle : pour être objectivement insulté, il faut le ressentir subjectivement. La contextualisation est donc fondamentale. « Dire une insulte, ce n'est pas forcément insulter. Et insulter, ce n'est pas forcément dire une insulte » (1), affirme Dominique Lagorgette, chercheuse en linguistique à Chambéry. Affirmer à un adolescent d’un air condescendant « tu es trop jeune pour comprendre » peut être très mal pris (car cela sous-entend que son manque d’expérience de la vie et invalide sa prise de position). Une phrase banale a le même effet qu’une insulte. A l’inverse, un jeune homosexuel faisant son coming-out et proclamant ouvertement : « je suis fier d’être pédé » retourne le stigmate et utilise l’insulte comme revendication identitaire, inversant donc sa nature. Il en va de même pour ce jeu de vannes auquel beaucoup d’adolescents excellent, cherchant le bon mot qui emporte l’adhésion, la belle répartie qui met les rieurs de son côté, la réplique qui claque dans un échange où le plus important c’est de gagner le duel. En marge de l’injure, cette pratique quasiment rhétorique fonctionne sur fond de connivence mutuelle, le groupe de pairs se renforçant autour d’un code commun entre initiés. L’adulte en est souvent victime, lui qui ne partage pas les mêmes références. Et, c’est sans doute là que l’on peut situer une autre interprétation possible dans l’usage de l’insulte : la remise en cause des conventions. Par la magie du verbe, l’anti-politesse peut alors être considérée comme le refus de se soumettre à la domination d’un système, l’inversion d’un rapport de pouvoir et la contestation de ses schèmes de communication accusés d’être des vecteurs de subordination.
(1) citée dans l’Express du 27/03/2003
« Mille millions de mille sabords ! »
La chasse aux gros mots est ouverte dans les familles et les écoles. Une pièce dans la tirelire quand on en prononce, ici. Punition quand un autre s’échappe, là. Seul le Capitaine Haddock a le droit d’en employer ! Il en a inventé 220, dont : « Amiral de bateau-lavoir », « Espèce de chouette mal empaillée », « Macchabée d'eau de vaisselle », « Bougre d’extrait de cornichon », « Loup-garou à la graisse de renoncule », « Coloquinte à la graisse de hérisson » …
Que répondre face à l’insulte ?
Comme pour toute relation humaine, la bonne attitude face à l’affront n’existe pas. Celle qui fonctionnera à un moment, échouera à un autre. L’animateur peut juste être attentif à trois précautions, pour essayer de se positionner le moins mal possible.
La première réserve consiste à ne pas se tromper d’évaluation (1). Si l’on s’en tient à une vision superficielle, on retrouve dans les jeunes générations une tendance certaine à s’insulter et se manquer apparemment réciproquement de respect. Leur langage, pour qui laisse traîner une oreille du côté de leur regroupement spontané dans les cours de collège ou de lycée, peut parfois être ressenti comme vulgaire et grossier, agressif et violent. Si l’on fait l’effort d’essayer d’entrer dans leur mode de fonctionnement, au lieu de commencer par le juger, on s’aperçoit que le langage employé relève d’insultes rituelles, de vannes échangées sur le ton de l’humour ou de joutes verbales. Si traiter de « sale connard » ou « grosse merde » continue à être un affront quand c’est un étranger qui profère une telle insulte, à l’intérieur du groupe de référence, ces mêmes termes perdent leur caractère péjoratifs et seront catégorisés comme affectueux ou amicaux. Ce n’est donc pas la valeur faciale explicite qui compte, mais le message implicite qui l’accompagne. Il faut accepter le décalage générationnel et savoir s’adapter à ce qu’est le public qu’on accompagne et non à ce qu’on voudrait qu’il soit.
Chacun à sa place
Deuxième précaution à prendre : ne pas se laisser happer par la tentation d’un quelconque mimétisme. S’il n’y a rien de plus décalé pour un ado, c’est bien de constater combien son animateur cherche à lui ressembler, en l’imitant. La proximité, la complicité, voire la connivence que l’on veut légitimement tisser avec son public ne doivent pas être confondus avec mêmeté et l’identification. Chacun doit rester à sa place, tout en respectant celle de l’autre. L’animateur se ridiculise, quand il essaie de parler « djeun ». S’il est témoin de vannes ou d’insultes entre ados, il doit se garder de les copier. Il doit se tenir en position de référence adulte. Un jeune est toujours ambivalent, mélange à la fois d’enfant et d’adulte. Il cherche sa voie et compte sur l’animateur pour l’aider à quitter l’enfance si proche et à grandir. Si celui-ci se met à parler comme lui, il pourrait bien se sentir trahi par celui qui était sensé l’aider à sortir de l’entre soi de ses pratiques langagières et qui l’y enferme ! Cela ne signifie pas que l’animateur ne pourra pas ponctuellement se mettre à vanner à son tour. Mais, cela doit rester occasionnel. Il doit reprendre très vite la posture sécurisante et structurante qui est attendue de lui.
Différer
Enfin, troisième vigilance, bien identifier qui est désigné à travers l’insulte. Ce n’est pas l’animateur ad-hominem qui est visé, mais ce qu’il représente et symbolise : la règle, le principe de réalité, la société adulte. Un conflit, une trop grande frustration, un refus opposé à l’adolescent … et le voilà qui plonge dans la fureur, éructant et proférant de violentes insultes. L'insulté est confronté à un dilemme. S’il réagit en miroir en renvoyant injure pour injure, il donne raison à l’insulteur, puisqu’il adopte la même attitude que lui. Mais, s'il ne réagit pas, son absence de réponse peut être assimilé à un aveu de faiblesse. Plutôt que d’ignorer l’affront, il est alors possible de différer sa réaction, signifier que l’on n’accepte pas ce qui vient de se passer, tout en expliquant que la tension est trop grande pour régler le problème et que le choix est fait de l’aborder plus tard, quand chacun sera plus calme. Une telle option permet de ne pas perdre la face, tout en n’envenimant pas le conflit qui ne peut que connaître l’escalade, si l’on cherche à le résoudre dans l’immédiat. A condition toutefois de reprendre effectivement ce qui vient de se passer et de ne pas y déroger au prétexte de ne pas vouloir rouvrir le conflit. Certains d’entre nous au sang un peu trop chaud devront apprendre à se contrôler.
(1) « Quand le langage joue des tours aux médiateurs de rue » Isabelle Léglise, Diversité n°137, juin 2004
Ce que dit la loi
L’injure : toute expression outrageante, mépris ou invective est punie de 12.000 à 22.500 € (+ 6 mois de prison), selon que la victime est un particulier/corps constitué/titulaire de l’autorité publique ou issu d’une minorité.
La diffamation : toute allégation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération est punie de 12.000 à 22.500 € (+ 1 an de prison), selon que la victime est un particulier ou un corps constitué/titulaire de l’autorité publique/issu d’une minorité.
Voire l’interview Fracchiolla Béatrice - Les insultes
Voire l’interview Rosier Laurence - Les insultes
Bibliographie
« Insultes, injures et vannes en France et au Maghreb »Aline Tauzin, Ed. Karthala, (2008)
Cet ouvrage rassemble les communications faites lors d'une journée d'études organisée par le CREAM-LACNAD (Langues et cultures du nord de l'Afrique et de la Diaspora) de l'Institut national des langues et civilisations orientales, à Paris, en 2002. Les Insultes, injures et vannes qui en constituaient le thème y sont donc envisagées aussi bien en France, au sein de groupes issus de l'immigration, que dans les différents pays du Maghreb. L'insulte, « arme des faibles », pour reprendre l'expression de l'un des auteurs, a aussi pour caractéristique de transgresser les deux tabous majeurs de ces sociétés, ceux de la sexualité et de la religion. Quant à la vanne, elle relève d'un jeu, en quoi elle signale peut-être sa modernité. Plusieurs contributions illustrent ces différents faits, tandis que d'autres abordent la question de la « violence verbale », de la gestion, lors d'affrontements, de la frontière, ténue, entre vanne et insulte, ainsi que des glissements rapides, d'une génération à l'autre, qui affectent certains corpus lexicaux.
« Sociolinguistique urbaine : parlers jeunes ici et là-bas »
Thierry Blot, Isabelle Léglise, Catherine Miller, Dominique Caubet, Jacqueline Billiez, Ed. L’Harmattan, 2008
Parlers jeunes, ici et là-bas est un ouvrage collectif de sociolinguistique urbaine qui intéressera ceux qui veulent appréhender les « parlers » dits « jeunes », leurs points communs et leurs spécificités selon les endroits avec des études de cas en France, en Europe (Pays - Bas et Sebta en Espagne) au Maghreb et en Afrique. L'intérêt de ce livre est d'investir d'autres terrains, francophones ou non et de permettre ainsi de questionner les catégories descriptives en œuvre dans le champ de la recherche, ainsi que la fonction dynamisante de la culture urbaine sur les pratiques langagières.
« Pourquoi la politesse ? Le savoir-vivre contre l'incivilité »
Ed. du Seuil, 2007
Le savoir-vivre n'est pas une notion désuète. D'abord, parce que ses règles sont toujours en usage, même si elles évoluent. Et puis, si aujourd'hui on se plaint autant de l'« incivilité », c'est bien parce que la « civilité » reste un besoin fondamental. L'incivilité, c'est la méconnaissance, la négation et le rejet de l'autre. La politesse, elle, repose sur le respect, la reconnaissance et la réciprocité. Ensemble, ces valeurs essentielles constituent un système cohérent, qui facilite le contact et régule les relations sociales. Au-delà des variations culturelles, c'est ce système qu'on retrouve dans toutes les civilisations. En saisir les logiques, c'est comprendre la nature des liens qui nous relient aux autres ; c'est devenir acteur de notre convivialité ; et c'est aussi se doter d'une clé pour accepter les différences et savoir vivre ensemble.
« Pourquoi la politesse ? Le savoir-vivre contre l'incivilité »
Dominique Picard, Ed. Seuil, 2007
Dans un style alerte et vivant, Dominique Picard met en perspective une analyse rigoureuse des codes du savoir-vivre avec l'observation de situations vécues prises dans la vie quotidienne. Elle en dégage les significations plurielles. Elle apporte ainsi une réponse approfondie et convaincante à la question : Pourquoi la politesse ?
« La violence verbale Tome 1 - Espaces politiques et médiatiques »
Sous la direction de Claudine Moïse, Nathalie Auger, Béatrice Fracchiolla et Christina Schultz-Romain, Ed. L'Harmattan, 2008
La violence verbale, fortement invoquée dans les discours publics, questionne les sociolinguistes qui cherchent à en décrire les mécanismes linguistiques et interactionnels, mais aussi les effets sociaux et institutionnels. Ce volume fait état à la fois de terrains, d'approches et de manifestations très divers. Qu'elle s'exprime sur les ondes de radio ou même dans l'enceinte du parlement, la violence verbale manifeste à chaque fois des rapports de force symboliques, des enjeux de pouvoir et les échecs d'une communication coopérative.
« La violence verbale Tome 2 - Des perspectives historiques aux expériences éducatives »
Sous la direction de Claudine Moïse, Nathalie Auger, Béatrice Fracchiolla et Christina Schultz-Romain, Ed. L'Harmattan, 2008
La violence verbale, fortement invoquée dans les discours publics, questionne les sociolinguistes qui cherchent à en décrire les mécanismes linguistiques et interactionnels mais aussi les effets sociaux et institutionnels. Ce volume s'interroge sur la notion de « violence verbale » d'un point de vue diachronique pour en montrer les ancrages culturels et sociétaux.
« Outrages, insultes, blasphèmes et injures - Violences du langage et polices du discours »
Sous la direction de Eric Desmons et Marie-Anne Paveau, Ed. L'Harmattan, 2008
« Bougnoule, niakoué, raton, youpin/crouillat, gringo, rasta, ricain » chante un Jacques Dutronc désabusé, dans l'Hymne à l'Amour. Autant de termes, de violences langagières, susceptibles d'un traitement pénal. Juristes, linguistes, historiens du droit, psychanalystes et spécialistes de littérature confrontent ici leurs analyses. Si l'approche juridique privilégie la définition de catégories aux frontières parfois ténues (outrage, injure, blasphème, diffamation), les approches linguistique et littéraire interrogent la production du sens en contexte et les effets de réception de ces paroles qui font acte.
« Dico des injures oubliées : Foutrebleu ! Abatteur de quilles ! Marpaud ! Salisson ! »
Sabine Duhamel, Ed. J’ai lu, 2013
Vous pestez, mais avec classe ? Cette anthologie vous propose un large choix d'insultes et d'expressions insolites et désuètes. Du Moyen Age au siècle dernier, le français populaire est ressuscité. Classées par ordre alphabétique et accompagnées d'une note retraçant leur origine, ces expressions fleuries séduiront les jureurs les plus cultivés. Espérons que ces derniers, riches de ce nouveau savoir, ne se croiront pas « les premiers moutardiers du pape ». Vous n'avez pas compris ? Réponse à l'intérieur...
« Mon cahier d'injures à colorier: Le premier cahier de coloriage pour adultes avec gros mots, insultes & jurons »
Romuald Jay, Procrastination Ed., 2016
Colorier des injures, c’est comme piquer une bonne gueulante, ça va toujours mieux après ! Tentez avec nous cette expérience joyeuse et déstressante. Vous trouverez dans ce livre de coloriage anti-stress 34 coloriages beaux et raffinés agrémentés des pires injures. Vous pouvez les découper pour les encadrer ou les envoyer à vos pires ennemi(e)s ou à vos meilleur(e)s ami(e)s. C’est relaxant, on vous le jure et terriblement jubilatoire !
« L'art de l'insulte Poche »
Elsa Delachair, Ed. Autre, 2012
D'Aristophane à Céline en passant par Shakespeare, Apollinaire ou Artaud, l'art subtil de l'insulte a ses maîtres. Balayant largement les époques et les cultures, cette anthologie fait la part belle à l'invective fleurie, à la grossièreté crasse, au raffinement perfide, et démontre l'inventivité déployée par les écrivains pour dire tout le bien qu'ils pensent de leurs semblables... Dans notre société écrasée par la toute-puissance du politiquement correct, ce recueil est salutaire !
« Insultes et réparties (pour toutes les occasions) »
Luc Rigoureau, Ed. Larousse, 2013
Parce qu’il n’est pas toujours facile d’avoir de la répartie en société, parce qu’il arrive que l’on formule mal ou pas du tout une phrase qui peut s’avérer décisive, cette collection sortira de l’embarras toutes celles et ceux qui ne trouvent pas leurs mots ! Insultes et réparties (pour toutes les occasions) : ne restez plus sans voix, renvoyez la balle au bond et frappez fort !
« Maudits mots : La fabrique des insultes racistes »
Marie Treps, TohuBohu Editions, 2017
Maudits mots ou l'inventaire raisonné des mots irraisonnables, les insultes racistes. Des plus insignifiantes aux plus outrageantes. Citations à l'appui, puisées dans les textes anciens ou contemporains, elles sont toujours révélatrices de l'esprit du temps. Comment ces désignations injurieuses ont-elles été fabriquées, pour quelles raisons, dans quelles circonstances historiques ont-elles été imaginées ? On le verra, si, en la matière, l'imagination ne fait défaut à personne, les motivations, elles, sont essentielles. On observe depuis peu une « libération de la parole raciste », Maudits mots met en perspective cette logorrhée malsaine dans un livre d'Histoire et d'histoire.
« Sécher les couillons : Jurons, insultes et autres amabilités »
Daniel Crozes, Ed. du Rouergue, 2014
Petit dictionnaire à l'usage des gourmands de mots, ce florilège caustique et rabelaisien rassemble jurons, insultes et blasphèmes à la mode de l'Aveyron auxquels leur origine occitane confère une belle étrangeté. On ne s'étonnera point de constater qu'ils s'attaquent avec délectation aux imbéciles, aux paresseux, aux empotés, aux avares, aux prétentieux. S'ils brocardent particulièrement les femmes, c'est pour témoigner d'une obsession maladive pour toutes choses relatives aux affaires sexuelles. Quant aux ecclésiastiques, omniprésents dans ce département de vieille tradition catholique, ils en prennent naturellement pour leur soutane. Avec humour et jubilation, Daniel Crozes nous ouvre le fonds secret d'une langue savoureuse.
« 100 modèles de courriers d'insultes »
François JOUFFA et Frédéric POUHIER, First Editions, 2015
Qui n'a jamais souhaité envoyer une lettre d'insultes à son banquier, à l'Assurance maladie, à son opérateur téléphonique ou encore à la SNCF ? Si l'envie ne vous manque pas, les tournures adéquates et formules bien senties vous font parfois défaut... Voici donc un petit livre qui devrait vous aider ! De la lettre de rupture amoureuse au courrier que vous rêvez d'envoyer au Trésor public, sans oublier la traditionnelle lettre de démission à votre patron, vous trouverez dans ce livre tous les modèles de courriers qu'il vous faut pour écrire à tous ceux qui vous contrarient au quotidien et vous gâchent la vie. Tournures bien salées et formules pleines d'humour, prenez la plume pour vous plaindre et défoulez-vous !
« De l'insulte... aux femmes »
Laurence Rosier, 180° éditions
Alors que la parole des femmes vient de se libérer (affaire Weinstein) et que le débat sur l'écriture inclusive fait rage, les rapports entre la langue, le pouvoir, la violence et les femmes sont au coeur de l'actualité... Bienvenue dans l'arène du langage ! Nourrie par une foule d'exemples historiques et contemporains, la réflexion de Laurence Rosier nous amène dans l'univers des insultes, des insulteur.e.s et des insulté.e.s. La violence verbale sera passée au crible de l'analyse à travers le genre, les archétypes, les lieux, les règles explicites et implicites
de l'injure en société et sur la toile !
Ressources internet
https://www.sos-homophobie.org/temoignerVous êtes victime ou témoin de lesbophobie, de gayphobie, de biphobie et de transphobie. Ce formulaire vous permet de décrire votre situation. Votre témoignage fera partie de notre prochain rapport annuel.
http://www.education.gouv.fr/pid32090/contre-l-homophobie-a-l-ecole.html
Le ministère de l'Éducation nationale mène chaque année une campagne nationale destinée à informer et sensibiliser les collégiens, lycéens, étudiants et l'ensemble des membres de la communauté éducative aux violences et discriminations à caractère homophobe dont souffrent encore trop de jeunes.
https://www.educaloi.qc.ca/nouvelles/sexprimer-sur-internet-oui-mais
Sur Internet et les médias sociaux, tout le monde peut librement exprimer ses opinions: commenter un article de presse, réagir à une vidéo ou simplement exprimer son humeur sur le profil d’un média social. Mais de la liberté d’expression à l’illégalité, il n’y a parfois qu’un pas.
https://fr.wikihow.com/r%C3%A9agir-lorsque-quelqu%27un-vous-insulte-ou-vous-taquine
Il y a toujours des personnes qui semblent trouver leur plaisir uniquement en harcelant les autres. Ils aiment insulter ou taquiner autrui, parce qu'ils se sentent eux-mêmes mal à l'aise dans leur peau ou qu'ils veulent donner l'impression d'être cool devant les autres. Ils cherchent à vous faire réagir et ils s'attendent à ce que vous le fassiez. Par conséquent, ne leur montrez pas qu'ils vous font du mal en vous mettant à pleurer. Cela ne veut toutefois pas dire que vous ne devriez rien faire. La prochaine fois que quelqu'un essaiera de vous insulter ou de vous faire une mauvaise blague, essayez d'appliquer ces stratégies utiles et vous pourrez vous en sortir la tête haute.
http://porterplainte.info/insulte.php
Il n’est jamais très agréable de se faire insulter dans la rue ou sur internet. Même si vous éprouvez beaucoup de ressenti pour l’auteur des faits, il est difficile de pouvoir porter plainte contre lui et surtout de voir sa plainte aboutir en justice. En règle générale, si l’insulte a été faite à titre privé et sans provocation, elle n’est passible que d’une contravention. Par contre, si elle est publique (c’est-à-dire réalisée devant témoin ou par écrit), elle peut donner lieu à un dépôt de plainte.
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32077
L'injure est punie par la loi. Elle peut être privée ou publique. Elle peut aussi avoir un caractère raciste, sexiste ou homophobe. Les sanctions pénales tiennent compte de ces différents éléments. L'injure publique relève d'une procédure spécifique qui permet la réprimer tout en préservant la liberté d'expression.
Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°191 ■ septembre 2018