EN SOUFFRANCE
Accompagner la personne gravement handicapée. L’invention des compétences collectives
AMISTANI Carole et SCHELLER Jean-Jacques (sous la direction de), érès, 2008, 205 p.
L’ouvrage présente la recherche-formation effectuée par des professionnels, des formateurs et des chercheurs entre 2004 et 2006. Tout part d’un constat : être confronté à une population lourdement déficitaire est un défi pour des professionnels qui ont parfois le sentiment que leurs compétences sont mises à mal. D’où l’intérêt de se reposer les questions éthiques de cette intervention. Première dimension : reconnaître l’autre déficient, comme un être humain à
Histoire de l’homicide en Europe de la fin du moyen âge à nos jours
MUCCHIELLI Laurent & SPIERENBURG Pieter, La Découverte, 2008, 334 p.
Deux hypothèses s’affrontent pour expliquer le profond changement qu’a connu l’Europe, en matière d’homicide. La première, initiée par le sociologue allemand Norbert Elias, met l’accent sur le processus de civilisation des mœurs qui entraîna le contrôle des émotions, l’accroissement de la capacité empathique, le progrès du respect mutuel et de la coopération pacifique. La seconde, inspirée par Michel Foucault, privilégie le processus de disciplinarisation : le contrôle
Une histoire de la violence
MUCHEMBLED Robert, le Seuil, 2008, 499 p.
De nombreuses études historiques convergent pour décrire le Moyen-Âge comme une époque dominée par une culture de grande violence. Dès le plus jeune âge, l’éducation des garçons y exalte la force physique et habitue les corps à la souffrance, par des punitions corporelles précoces. Les codes de l’honneur et de la virilité ne souffrent pas le moindre affront : l’escalade va du défi à l’injure, à la gifle, puis à l’affrontement qui provoque parfois une blessure, alors fréquemment mortelle, tant la
Lebrac: trois mois de prison
RITHE Bertrand, Le Seuil, 2009, 283 p.
« La Guerre des boutons », publié en 1912 par Louis Pergaud et porté à l’écran en 1961 par Yves Robert, est un classique de la littérature française qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Il met en scène deux villages, Longueverne et Velrans, qui se font la guerre depuis des décennies, par enfants interposés. Innovation de la nouvelle génération : le butin exigé par les vainqueurs, à l’issue de chaque affrontement, ce sont les boutons et les lacets des vaincus, ce qui constitue une « triple
La sociologie de la délinquance juvénile
MAUGER Gérard, La Découverte, 2009, 128 p.
Les variations des statistiques de la délinquance juvénile mesurent autant l’activité des forces de l’ordre (dont le nombre a fortement augmenté ces dernières décennies) et l’accroissement du sentiment d’insécurité (inversement proportionnel aux risques encourus) que le nombre d’infractions constatées. Pour autant, la multiplication par neuf des faits de prédation et par trois des atteintes aux personnes, dans la deuxième moitié du XXème siècle, ne saurait se résumer à la seule fébrilité policière ou
Comment priver un enfant de son père, un dysfonctionnement ordinaire de la justice
SERENO Marcello, Jeunesse et droit, 2009, 384 p.
Une petite fille qui révèle les attouchements sexuels que lui a imposés son père. Un service socio-éducatif qui la protège. Un tribunal qui condamne l’agresseur. Justice est faite. Mais, voilà que celui qui a été reconnu coupable rédige un livre, pour se défendre. Et, ce sont les éditions du Journal du droit des jeunes qui lui servent la soupe ! Entamer la lecture de ces presque 400 pages, particulièrement bien écrites, ne peut tout d’abord que laisser dubitatif. Le récit de Marcello Sereno est
Enfants bandits. La violence des 3-13 ans dans les banlieues
IMLOUL Sonia, éditions Panama, 2008, 158 p.
« Il n’y a pas d’enfant délinquant. Il n’y a que des enfants violents qui risquent, en grandissant, d’évoluer vers la délinquance » (p.77) affirme l’auteur. Sonia Imloul en convient : on ne peut interpréter de manière prédictive les agissements destructeurs dont on peut être témoin chez les tout petits. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille renoncer à toute prévention, quand on y est confronté. Les enfants qu’elle appelle « bandits » sont avant tout en souffrance, proclame-t-elle. Quand
Peut-on vraiment choisir sa mort? Repères pour les citoyens et ceux qui les soignent
DEVALOIS Bernard, Editions Collection Oméga, 2009, 188 p
Médecin réanimateur et Directeur du service de soins palliatifs de l’hôpital de Puteaux, Bernard Devalois nous propose ici un ouvrage précieux, pour comprendre l’un des termes du débat sur l’euthanasie : celui de ses opposants. Homme de l’art, l’auteur reconnaît volontiers que la capacité accordée aux soignants de repousser l’issue fatale de la mort ne leur donne pas forcément le droit d’exercer cette faculté. Et de dénoncer l’acharnement thérapeutique, en la qualifiant de dérive
Pitié pour les hommes. L’euthanasie: le droit ultime
LABAYLE Denis, Stock, 2009, 210 p.
C’est un vrai coup de colère que pousse Denis Labayle, ce médecin hospitalier à l’origine du manifeste signé en 2007 par 2.000 soignants qui reconnaissaient avoir aidé des malades à mourir, en fin de vie. Trop d’hypocrisie, trop de procès d’intention, trop de politiquement correct et d’humainement incorrect sur ce dossier de l’euthanasie. Convenant des avancées de la loi de 2005, il lui reproche toutefois de ne pas avoir répondu aux attentes, en allant jusqu’au bout. Certes, l’opposition à l’acharnement
J’étais un chef de gang
LADZOU Lamence, La Découverte, 2008, 245 p.
Placer le lecteur en prise directe avec la réalité des bandes, sans l’enveloppe protectrice de l’interprétation sociologique, ni la reformulation romanesque ou la confession du repenti n’est pas sans risque, explique Marie-Hélène Bacqué. L’ouvrage commence par le récit élaboré tout au long des douze entretiens qu’elle a menés avec Lamence Madzou. Donner la parole à un ancien chef de gang, c’est « réorienter le lampadaire, changer le jeu des ombres et des lumières » (p.181) On y voit grandir un