EN SOUFFRANCE
Le conflit, la femme et la mère
BADINTER Elisabeth, Flammarion, 2010, 270 p.
Limpide, lumineuse et passionnante, telle est la dernière livraison d’Elisabeth Badinter qui va bien au-delà de la simple polémique pour ou contre les couches jetables, raccourci auquel on a eu un peu trop tendance à la réduire. A la fin des années 1970, explique-t-elle, les femmes ont accédé au choix entre d’un côté donner la priorité à leurs ambitions personnelles en jouissant de leur célibat et de l’autre satisfaire à leur désir de maternité. Et puis, une nouvelle idéologie est venue
Pour en finir avec les violences faites aux femmes
BRUNEL Chantal, Le Cherche Midi, 2010, 261 p.
L’auteur est rien moins que député UMP. Nul n’est parfait. Autant dire qu’il serait légitime que l’on se méfie de sa prose, tant sa force politique a montré depuis trois ans des élans profondément anti-sociaux. On aurait bien tort. Il semble qu’ici la question féminine transcende les différences idéologiques : « depuis que les sociétés existent, les femmes subissent les pires exactions. De tous temps, elles ont vu leurs droits bafoués et leur honneur sali » (p.18) affirme Chantal Brunel qui
Casse-toi! Crève mon fils. Je ne veux pas de pédé dans ma vie
PÉRIER Jean-Marie, oh ! éditions, 2010, 169 p.
La liberté de ton des médias, le succès annuel de la gaypride, la réélection du maire de la capitale qui n’a jamais caché son orientation sexuelle … autant de facteurs qui pourraient laisser croire que le cœur de la France bat au même rythme que le quartier du Marais à Paris. Mais, c’est sans compter sur le poids des préjugés qui pèse sur une partie non négligeable de la population, pour qui l’homosexualité est encore au choix une malformation, une tare, une horreur, une honte ou une
Adolescents homosexuels. Des préjugés à l’acceptation
THORENS-GAUD Elisabeth, éditions Favre, 2009, 183 p.
A n’en pas douter, l’acceptation de l’homosexualité a progressé depuis quelques décennies. Pour autant, il reste encore du chemin à parcourir. A preuve, des situations que la majorité de la population est encore bien en peine d’accepter : tels deux hommes se promenant en se tenant par la main ou un enseignant programmant une séance de prévention contre l’homophobie. Réussir à banaliser l’homosexualité permettrait d’abord de progresser dans la lutte contre les discriminations. Si les
L’inconnu du B.L.B.
STREIFF Gérard et des jeunes du Bois L’Abbé, érès, 2009, 133 p.
Un atelier d’écriture, comme il en existe des dizaines. Mais celui-ci est proposé à des jeunes de banlieue, ceux-là même que l’on a si souvent tendance à diaboliser. L’échec scolaire y fait des ravages, dit-on. Pourtant, ces « cancres » raffolent de l’écriture, celle qu’ils mettent en musique à travers le rap. De là, à se lancer dans la rédaction d’un roman policier, il n’y a qu’un pas à franchir que leur propose Gérard Streiff. Et, ça marche : tout au long du premier semestre
La violence des jeunes en question
LE GOAZIOU Véronique et MUCCHIELLI Laurent, Champ Social, 2009, 150 p.
Le problème de l’insécurité est devenu hautement médiatisé et politisé. C’est d’abord les medias qui privilégient le sensationnel qui fait vendre. Ce sont ensuite les élus qui voient dans la déclaration de la guerre au crime l’un des discours les plus vendeurs et rentables : faire peur permet ensuite de se pose comme garant du « retour à l’ordre », par la répression. Face à ce sujet sensible, les auteurs adoptent une posture de recherche scientifique : leur méthodologie
Faut-il emprisonner les mineurs?
DOLLÉ Nathalie, Larousse, 2009, 160 p.
Voilà un ouvrage fort bien écrit qui présente, avec pertinence, la question de l’incarcération des mineurs. Ce qui frappe dans sa lecture, c’est le constat récurrent de l’atermoiement, depuis deux siècles, entre la réponse répressive et la voie éducative. Lorsqu’en 1819, le ministère de l’intérieur publie un arrêté sur la nécessité de séparer les mineurs incarcérés de moins de 16 ans, des majeurs, le souci d’un traitement spécifique de la délinquance juvénile est évident. L’effet pervers, ce sera la
Handicap mental et majorité. Rites de passage à l’âge adulte en IME
SANTAMARIA Eric, L’Harmattan, 2009, 170 p.
Alors que le statut d’adulte renvoie à la pleine responsabilité du sujet, la notion de handicap mental enferme dans le stigmate de l’éternelle enfance. Ce paradoxe, les jeunes majeurs de l’IME de Villejuif voulaient en sortir : non seulement voir leur maturité reconnue, mais aussi être accompagnés, par leurs éducateurs, dans l’apprentissage de cette nouvelle étape de leur existence. Éric Santamaria commente la genèse de cette prise de conscience et de l’évolution de l’équipe éducative, à partir d’une
La cité au travail. L’insertion des jeunes de "banlieue" d’origine maghrébine
CHAVANES Jacques, L’Harmattan, 2009, 211 p.
Les clichés les plus éculés collent à la banlieue. Les jeunes y seraient tous en échec scolaire, au chômage et délinquants. Ceux qui s’en sortent sont considérés comme des héros. Ces jeunes caricaturés ainsi n’existent pas : ils sont surtout le reflet de nos fantasmes. Tout l’intérêt de l’ouvrage de Jacques Chavane est justement de rétablir la réalité, en s’appuyant pour cela sur des études statistiques et des enquêtes de terrain. Si un tiers de la population jeune des quartiers reste éloigné du
Homo-Ghetto. Gays et lesbiennes dans les cités: les clandestins de la République
CHAUMONT Frank, Le Cherche Midi, 2009, 202 p.
Le statut de l’homosexualité dans les cités renvoie à deux réalités contradictoires. Il y a d’un côté une orientation sexuelle qui, pour faire encore l’objet d’une répression implacable dans nombre de pays, a connu en France une reconnaissance certaine. Cette évolution est récente. Une ordonnance prise en 1945 sanctionnait tout acte impudique commis par deux mineurs de moins de 21 ans du même sexe. Le préfet de police de Paris n’hésita pas, en 1949, à interdire aux hommes de danser ensemble