EN SOUFFRANCE
Les jeunes de banlieues mangent-ils les enfants?
Guénolé Thomas, Ed. Le Bord de l’eau, 2015, 214 p.
Non, la banlieue ne se réduit pas à une caricature à la Finkelkraut si couramment répandue dans la presse, le cinéma ou l’opinion publique. Elle n’est pas uniquement peuplée de ces jeunes en survêtement, la tête dans leur capuche, squattant les cages d’escalier, fumant du haschich, violant les filles, haïssant tout ce qui est français, dont les seules ressources viendrait du trafic et la suprême ambition serait de faire le Jihad ou de commettre des attentats. Si 75 % des français ont une
Guerrier non violent. Mon combat pour les quartiers
KHERFI Yazid, Ed. La Découverte, 2017, 156 p.
Quel est donc ce camping-car se garant, à la tombée de la nuit, au cœur des cités ? Son auvent déployé, ses projecteurs colorés allumés, des refrains de rap en sortant … Les petits s’en approchent timidement, puis les plus grands, un peu plus tard. Des jeux sont mis à disposition, ainsi que des thermos de thé et de café. Tout est mis en œuvre pour créer un terrain propice à la parole : c’est la médiation nomade créée par Yazid Kherfi, à l’intention des jeunes de quartier. Ancien taulard, il a
Ma part de gaulois
CHERFI Magyd, Ed. Acte Sud, 2016, 250 p.
« J’étais à l’écriture, ce que le mineur était au minerai, bien plus dans le concassage que dans l’épure ». Ainsi, commence le livre de Magyd Cherfi. On ignore ce qu’était alors la langue de l’auteur. Celle qu’il nous livre ici est à ce point ciselée et sensible qu’elle ravit sans jamais faire oublier la profondeur et l’intensité de ce qu’elle décrit. On se régale d’un bout à l’autre de ce récit qui sublime le vécu que fut le réel de cet enfant de la banlieue toulousaine qui se jeta très tôt à corps
Les ancêtres ne prennent pas l’avion
RUFFEL Pascale, Ed. Jeca Seria, 2017, 123 p.
Pour accompagner les réfugiés, il faut renoncer à ces idées reçues, à ces poncifs pseudo-culturels et à ces représentations psychologisantes si souvent plaqués sur ces populations. C’est cette expérience que nous livre ici Pascale Ruffel, psychologue au Centre nantais d’hébergement des réfugiés, dans un écrit emprunt de retenue et d’humilité. S’exiler, rappelle l’auteur, confronte à un bain de sons et de langue qui vous enveloppe de son étrangeté. « La dépossession de la langue, c’est se retrouver
La fin de l’hospitalité. Lampedusa, Lesbos, Calais. Jusqu’où irons-nous?
LEBLANC Guillaume et BURGÈRE Fabienne, Ed. Flammarion, 2017, 239 p.
L’antique valeur de l’hospitalité est née d’une impulsion vers l’autre, d’un désir de secourir celui qui est en péril, du choix de se laisser affecter par la menace pesant sur sa vie, de la conviction que tout existence est digne d’attention et de considération. Emmanuel Kant proclamait que la terre n’appartenant juridiquement à aucune nation, ni à aucun individu, personne n’a « originairement plus de droit q’un autre à un endroit de la terre ». Mais, avec la modernité, les
Les migrants de Calais: enquête sur la vie en transit
DJIGO Sophie, Ed. Agone, 2016, 210 p.
Sophie Djigo est allée sur place les rencontrer ces migrants de Calais, ces militants qui les soutiennent, ces populations qui les côtoient. L’ouvrage passionnant qu’elle nous propose combine le reportage, le recueil de témoignages et l’essai réflexif sur une problématique qui salit notre république réputée patrie des droits de l’homme. Méthodiquement, l’auteur s’attaque aux stéréotypes. Peut-on imaginer que ce serait par choix que ces migrants subissent une vie hors de toute limite de décence, sans
Définir les réfugiés
AGIER Michel, Ed. PUF, 2017, 116 p.
L’histoire est longue de l’introuvable définition du réfugié. Sans doute parce que ce n’est pas une identité, mais une catégorie institutionnelle construite artificiellement qui se transforme sans cesse, au fils du temps, au gré des priorités politiques nationales et des changements de rapports de force internationaux. L’octroi de l’asile ou de la qualité de réfugié relève bien plus d’une prérogative de l’État qui définit, à un moment donné et pour les raisons qui lui sont propres, une politique migratoire
Sentiment amoureux et conjugalité violente. Du meilleur au pire
CONDOMINAS Cécile, Ed. L’Harmattan, 2016, 189 p.
Deux lectures opposées cherchent à interpréter les ressorts de la passivité de certaines femmes face aux violences conjugales. La première privilégie une emprise de l’agresseur prenant la forme de l’effraction (invasion du territoire de sa proie), de la captation (son isolement) et de la programmation (son dressage). La seconde lecture accuse la femme de complicité active (provocation et incitation) ou passive (intériorisation de la domination patriarcale). Cécile Condominas propose une piste
Sortir de la maltraitance. Violences conjugales: résister c’est comprendre, c’est agir
LOMBARDI Edith, Ed. L’Harmattan, 2016, 211 p.
Aussi loin que la mémoire humaine remonte, les femmes ont toujours été assujetties et considérées comme un bien précieux en tant que reproductrices de l’espèce. Loin de changer la donne, le premier Code civil à avoir été édicté, celui de Napoléon (1805), les prive de tout droit juridique, les rabaissant au niveau des mineurs, des criminels et des débiles mentaux. C’est très progressivement qu’elles vont conquérir leurs droits : disposer de leur salaire (1907), passer contrat et s’inscrire à
La paix des ménages. Histoire des violences conjugales XIX au XXI siècle
VANNEAU Victoria, Ed. Anomosa, 2016, 363 p.
La puissance maritale s’imposant aux femmes comme aux enfants a longtemps été la norme incontestée. Proverbes, brocards, pièces de théâtre, chansons sont nombreux qui contribuent alors à pérenniser l’idée d’un droit de correction du mari sur son épouse, fondé sur la nature des choses. La tradition s’effrite toutefois à la révolution. Même si l’article 213 du Code civil édicté en 1804 valide la dépendance de la femme à l’autorité domestique du mari (aboli seulement entre les deux guerres) et même si