EN SOUFFRANCE
Il m’a volé ma vie
SELIMAN Morgan, Ed. Xo Document, 2015, 237 p.
Cet ouvrage provoque tant l’incrédulité, que l’effroi et la consternation. L’incrédulité d’abord, parce qu’on a du mal à comprendre que des mécanismes d’emprise puissent à ce point maintenir un être humain sous la domination brutale et inhumaine d’un autre. L’humiliation, les coups répétés, la soumission décrits ici vont durer près de quatre ans … une éternité avant que Morgan Seliman ne réagisse. L’effroi, ensuite : la description qui est faite de la violence conjugale est hallucinante. Loin de
Droit de refuge pour les femmes et les enfants. Face aux violences conjugales et sociales
WILPERT Marie-Dominique, avec BODÉNANT Martine, DOUYÈRES Catherine, DUBOST Claire et GUILLOT Évelyne, Ed. érès, 2015, 201 p.
L’Oeuvre normande des mères, créée en 1942 pour accueillir les femmes enceintes pendant la captivité de leurs époux, s’est ensuite ouverte aux filles mères. Dans les années 1970, elle se tourne vers les épouses et les compagnes victimes de violences. Puis en 1984, elle ouvre un centre d’urgence pour femmes battues. L’ouvrage est issu d’une recherche participative centrée sur le travail théorique, clinique et éthique de
Acquittée « Je l’ai tué pour ne pas mourir »
LANGE Alexandra, Ed. J’ai lu, 2013, 280 p.
Témoignage poignant s’il en est que celui de cette femme victime de violence conjugale douze années durant et qui, dans un geste d’ultime protection, porte un coup de couteau mortel à son mari. Incarcérée en préventive dix huit mois, elle sortira libre de son procès d’Assises, le 23 mars 2012, après que lui soit reconnue la légitime défense. Il est vrai que pas un seul témoignage à charge ne sera présenté contre elle, le procureur prononçant lui-même un réquisitoire d’acquittement. Quand, à 17 ans
Conversation sur la naissance des inégalités
DARMANGEAT Christophe, Ed. Agone, 2013, 196 p.
Cette conversation d’un économiste avec lui-même, dans une collection intitulée « comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire », est rien moins que passionnante. Elle permet de combattre l’idée reçue de la fatalité d’une inégalité qui aurait existé de tous temps. Trois types de société se sont succédées dans l’histoire : égalitaires, inégalitaires et celles divisées en classes sociales. Dans les premières, on ne trouve ni propriété privée, ni hiérarchie sociale : le partage est la
La juste part. Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grilles- pains
ROBICHAUD David et TURMEL Patrick, Ed. Les Liens qui Libèrent, 2016, 144 p.
L’idéologie néo-libérale s’est construite sur toute une série de postulats qui sont devenus, au cours des décennies, des dogmes. L’individu devrait sa bonne ou sa mauvaise fortune à son unique et simple mérite. Chacun étant propriétaire de ses biens, le libre échange constituerait la condition naturelle de l’homme. Seul le marché concurrentiel libre de toute contrainte pourrait réguler les échanges humains. Les compétiteurs seraient mus par la seule satisfaction de
La préférence pour l’inégalité. Comprendre la crise des solidarités
DUBET François, Ed. Seuil, 2014, 110 p.
Après les trente années qui suivirent la seconde guerre mondiale et furent marquées par une croissance miraculeuse et le progrès de l’égalité, on assiste depuis les années 1990 à une aggravation des inégalités, au point de menacer d’un retour à la situation d’avant la première guerre mondiale, constate François Dubet ! Alors qu’Henri Ford, dont on connaît les sympathies nazies, revendiquait de limiter les salaires des hauts cadres à quatre fois celui des ouvriers, ils sont aujourd’hui en moyenne trente
Éloge de l’insuffisance. Les configurations sociales de la vulnérabilité
BARREYRE Jean-Yves, Ed. érès, 2014, 279 p.
Si la question sociale portant sur les laissés pour compte de la société industrielle a constitué la problématique centrale du 19ème siècle, la question médico-sociale aura été la préoccupation principale du siècle suivant. Les milliers de mutilés de la première guerre mondiale et la mobilisation, après la seconde, des grandes associations de parents d’enfants porteurs de handicap y auront largement contribué. Tournant le dos à la philosophie utilitariste qui mesure le degré d’appartenance de chaque
Le corps accidenté. Bouleversements identitaires et reconstruction de soi
TESSIER Peggi, Ed. PUF, 2014, 282 p.
Le handicap acquis s’accompagne d’une perte d’estime de soi liée à la difficile acceptation de sa nouvelle apparence, la plupart des personnes valides pensant qu’une vie invalide n’est pas digne d’être vécue et qu’en cas d’accident, il vaut mieux mourir que de vivre paralysé. Pour autant, l’expérience que chacun fait du bouleversement identitaire qui suit la désolidarisation vis-à-vis du corps transformé, est propre à chacun explique Peggi Tessier. Vient d’abord une phase de déni face à une réalité
Le guerrier immobile ou la métamorphose de l’homme blessé
BESSE SAIGUE Bertrand, Ed. érès, 2014, 167 p.
La réédition de ce livre publié initialement en 1993 est un vrai bonheur. Quand tant s’autorisent, souvent avec talent, à évoquer le handicap, sans le connaître eux-mêmes, voilà un auteur qui parle de ce qu’il vit. Victime d’un accident de voiture lui ayant endommagé la moelle épinière, Bertrand Besse Saigue décrit la renaissance qui lui a permis de réapprendre à vivre et oser être à sa nouvelle vie. Il n’est pas donné à tout le monde de devenir journaliste-reporter d’un évènement vécu de
Nos points faibles sont nos meilleurs atouts
GLADWELL Malcolm, Ed. Flammarion, 2014, 279 p.
Dans son style inimitable, mélange à la fois de récits insolites et de références fort bien documentées, Malcolm Gladwell nous propose une fois de plus une démonstration lumineuse, s’attachant cette fois-ci à illustrer une thèse qui lui tient à cœur : ce ne sont pas toujours les avantages qui produisent les plus belles réussites. A travers une multitude d’exemples qui nous font voyager de l’histoire mythique de David et Goliath aux bombardements allemands sur Londres, en passant par les écoles