EN SOUFFRANCE
La drogue est un prétexte
Francis CURTET, Flammarion, 206 p, 1996
Francis Curtet est un homme brillant. Il ne se contente pas de parler. Il agit. Et son action faite de dévouement et de persévérance le pose en personnalité reconnue dans le secteur de la toxicomanie. Mais, c’est aussi un personnage très controversé. La fermeté et l’absence de toute compromission dont il se targue l’ont aussi amené au milieu des années 80 à s’opposer avec vigueur à toute libéralisation de la vente des seringues. Aujourd’hui, il explique que les connaissances scientifiques de l’époque et
Dictionnaire des idées reçues sur la drogue
Sous la direction de Patrick Piro, Syros, 141p, 1995
La question de la toxicomanie a beaucoup de mal à se débarrasser dans notre pays de cette mélasse qui lui colle à la peau depuis de nombreuses années. Diabolisation, hystérie collective, aveuglement, irrationalité président au débat refoulant au loin toute raison.
Notre société s’est habituée culturellement bon an mal an aux 50.000 morts liés à l’alcoolisme, aux 60.000 décès dus au tabagisme et aux tranquillisants qui gardent sous leur emprise le quart de la population. Cela n’émeut pas
Réfugiés: le droit d’asile menacé
Gérard Dhôtel, Syros/Amnesty International, Collection J’accuse, 1995, 127 p.
Amnesty International propose chez Syros une collection consacrée à toutes celles et tous ceux qui ne bénéficient pas de l’oreille bienveillante des média ni de puissants groupes de pression syndicaux ou politiques pour se faire entendre.
Gérard Dhôtel s’intéresse cette fois-ci à la question du droit d’asile. Combien d’êtres humains sont confrontés à travers le monde à la persécution, à la guerre et à la famine ? On connaît en la matière une inflation inquiétante: 8
Anthropologie de la douleur
David LE BRETON, Mataillié, 1995, 233 p.
David Le Breton nous livre ici un superbe essai sur le thème de la douleur.
Il y a comme un paradoxe de parler d’une réalité qui, si elle représente l’expérience humaine la mieux partagée, n’en reste pas moins un échec radical du langage. En effet, en morcelant l’unité de l’individu, elle crée une distance telle qu’elle immerge sa victime dans un univers inaccessible à tout autre. La douleur dite ne peut jamais être la douleur vécue. Pour comprendre l’intensité de ce qui est ressenti par l’autre, il
Maltraitance: maintien du lien?
GABEL, LEBOVICI, MAZET & ALL, Fleurus, 1995, 212 p.
Voilà un ouvrage qui s’inscrit bien dans l’ ’’air du temps’’. Il regroupe les interventions de la journée organisée début 1994 sur le thème du maintien des relations familiales dans les situations de maltraitance. Tout au long de ces 212 pages, les orateurs se sont interrogés sur la pertinence et l’opportunité de préserver ces liens.
Jean-Pierre Rosenczveig a ’’ouvert le feu’’ en se plaçant sur le terrain du droit. Si la filiation constitue bien l’élément essentiel de l’état de la
Violences sexuelles en famille
Annick Chemin et all, érès/ Sauvegarde de Vendée, 1995, 176 p.
Les parutions consacrées aux violences sexuelles subies par les enfants se font au long des années de plus en plus nombreuses. Chaque auteur cherche à apporter son éclairage selon sa sensibilité et sa formation. Aussi, commence-t-on à cerner de mieux en mieux les tenants et les aboutissants de cette problématique particulièrement douloureuse.
L’ouvrage présenté ici apporte un plus dans la mesure où il est le produit d’une recherche-action entreprise par des professionnels de
De l’inceste
Françoise HERITIER, Boris CYRULNIK, Aldo NAOURI ..., Odile Jacob, 1994, 219 p.
Parmi les auteurs de ce livre (qui fait suite à un séminaire organisé au printemps 1994 au collège de France), on trouve beaucoup d’esprits brillants. Neuro-psychiatre, pédiatre, éthologue, ethnologue et juge des enfants ont joint leur réflexion sur un thème qui nous vaut depuis quelques années une littérature de plus en plus importante.
On sait qu’à l’origine de l’inceste il y a un faisceau de causes multi-factorielles.
Ce peut-être ces familles au sein
Les couleurs du silence, le mutisme des enfants de migrants
Zerdalia K. S. Dahoun, Calmann Lévy, 1995, 258 p.
Il n’y a rien de plus déroutant que ces enfants plongés dans le plus profond mutisme. Ils sont capables de parler mais ne communiquent pas. Et rien ne semble pouvoir leur permettre de sortir de cet état.Nous sommes tous les héritiers de Jean Itard qui employa tous les moyens pour démutiser l’enfant sauvage, y compris les plus choquants (tels l’enfermement dans le noir ou l’aveuglement par un masque solidement fixé, afin de privilégier la parole entendue et parlée). Le célèbre médecin parisien
Une saison en banlieue - Courants et prospectives dans les quartiers populaires
Adil JAZOULI, Plon, 1995, 367 p.
Au premier plan on trouve ces 10-16 ans animés d’une terrible lucidité. L’avenir n’est pas pour eux une promesse mais une menace. Ils portent des jugements extrêmement sévères sur le monde des adultes. Confrontés à l’image que leurs parents projettent sur eux, ils n’ont comme seule issue que le mensonge. Pour se protéger du sentiment d’abandon, de solitude voire de persécution, il leur reste la violence et l’agressivité qu’ils ont édifiées en mode de gestion des relations aux autres. Face à l’injustice d’une
Sous les regards de Caïn, l’impossible observation des mineurs délinquants (1945-1972)
Christian SANCHEZ, érès, 1995, 200 p.
Le droit des mineurs est un long chemin semé d’avancées importantes mais aussi d’avatars et parfois de grandes errances. La question qui traverse les différentes époques, c’est bien la distinction à établir ou non entre l’acte et la personnalité de son auteur. C’est la révolution française qui va marquer pour la première fois les notions de minorité pénale et de discernement. Dès lors, l’éducation et la répression vont se marquer respectivement à la culotte. Mais la direction est donnée: la loi de 1912