Congruence contre compétition

Depuis l’épisode « #Me-too », une vague parcourt le monde : celle de la révolte des femmes contre l’oppression patriarcale. Ce combat est légitime. Bien sûr, il n’évite pas les outrances comme celles consistant à renoncer aux œuvres d’art produites par des hommes. Mais, il serait hypocrite d’instrumentaliser les réactions exacerbées par une parole trop longtemps bâillonnée, pour relativiser ou minimer le quotidien traumatique de tant de femmes. Dénoncer ces prédateurs pour qui le corps de l’autre n’est qu’un morceau de viande est essentiel. Mais, il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Car, c’est bien l’éducation à la loi du plus fort qui mène à la phallocratie : celle qui convainc l’enfant de la nécessité d’être du côté des vainqueurs, des dominants et des conquérants ; celle qui charrie ces représentations de genre attribuant à l’homme des « qualités » viriles d’agressivité, d’audace et la force, quand la femme serait naturellement dotée de réserve, d’altruisme et de soumission. Combien de garçons m’ont affirmé qu’ils préféraient dominer que de l’être (leur terminologie étant bien plus crue !). Quand je les interrogeais sur la nature de notre relation duelle marquée par le respect et la bienveillance réciproques, leur réponse fusait « ce n’est pas pareil : toi, tu es mon éducateur ». Une oasis d’empathie apaisante et sécurisée, avant de retrouver le monde de la compétition, aussitôt notre échange terminé. Comment les relations homme/femme pourront-elles se modifier, tant qu’on en restera à ces représentations culturelles ? Si l’enjeu semble insurmontable, il n’est pas si inaccessible qu’on peut l’imaginer au premier abord. Peut-être devrions-nous nous inspirer du Danemark où l’enseignement de l’empathie est obligatoire auprès des enfants de 6 à 16 ans, à raison d’une heure par semaine. Développer la capacité à comprendre ce que ressent l’autre, au lieu de chercher à le surpasser : et si on commençait tout simplement par ça ?

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1290 ■ 02/03/2021

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Hôtel de Pen Bron - La Turballe (44)
Les personnes à mobilité réduite ont-elles droit aux vacances ? Avez-vous essayé de trouver un hôtel permettant un accueil d’un fauteuil roulant ? C’est du domaine de l’impossible. Dans l’ouest de la France, vient d’ouvrir un établissement trois étoiles, complètement aménagé pour cette clientèle. Expérience innovante ou nouveau ghetto ? Reportage. S’il est une préoccupation qui s’est largement...
Handistar 2002 - Carentoir (56)
L’été est propice aux festivals qui ont poussé à travers toute la France comme les champignons après l’orage. Le secteur du travail protégé sait aussi faire la fête : la Ferme du Monde vient de le démontrer. Avril 1996 : le parc de la Ferme du Monde ouvrait ses portes. Janvier 1997, Lien social (n°379) racontait l’histoire de ce CAT du Bois Jumel à Carentoir (56) à qui, une riche veuve avait ...
Pontzeele Sophie - MDPH
dans Interviews
La MDPH est un pivot, non un fournisseur de solutions Entretien avec Sophie Pontzeele, responsable harmonisation des pratiques à la Maison Départementale des Personnes Handicapées du département du Nord (59) La gestion des situations complexes implique que le secteur médico-social et la protection de l’enfance s’engage dans une dynamique partenariale. Quelle relation la MDPH a-t-elle avec la...
Mineurs étrangers
Faut-il rejeter les mineurs étrangers isolés à la mer ? Au moment  où les députés débattent d’une nouvelle loi sur l’immigration, des jeunes étrangers isolés s’interrogent sur leur avenir. Accueillis et formés aux frais de l’Etat, ils sont menacés d’expulsion par ce même Etat, sitôt leur 18 ans atteints. Voyage en absurdité.  Eté 2001. La Préfecture des Hauts de Seine décide de fermer un squat...
Etudier et travailler en même temps
Le témoignage d’étudiants assistants sociaux Financer ses études, en exerçant une activité salariée est loin d’être facile à vivre, mais cela semble faire partie du jeu. Et puis nombre d’étudiants n’ont pas le choix. Le cursus des étudiants en travail social s’étend sur trois années. Au cours de cette période, il faut se rendre à l’école pour les regroupements théoriques, mais aussi sur les lieux de...
Service Médiation Pénale - Nantes (44)
Un service de médiation pénale en action Quand on pénètre dans le nouveau palais de justice de Nantes, c’est toute la solennité de l’institution qui vous prend à la gorge : l’immeuble est monumental, les plaques de marbre noire qui le recouvrent du sol au plafond vous écrasent avant que la décision judiciaire ne s’impose à vous. Aux dires de certains justiciables, « on est déjà jugé avant de passer...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


SE PROCURER LE LIVRE


« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org