L’école porte le harcèlement comme la nuée porte l’orage

Notre précédent ministre de l’Education nationale s’était mobilisé contre le harcèlement … le 11 juin. A l’heure où les collégiens de troisième planchent sur la préparation de leur brevet, au moment où les lycéens de seconde et de terminale sont en pleines épreuves du BAC et où les autres élèves avaient déserté leur classe, il était bien temps ! Les syndicats avaient aussitôt réagi en évoquant la date tardive et l’impréparation d’enseignants n’ayant jamais reçu la moindre formation en la matière.

Mais peu importe. L’essentiel était d’afficher une réaction après le suicide de Lindsay 13 ans, survenu le 12 mai précédent, après avoir été victime pendant des mois de harcèlement. Le 1er juin, sa famille avait déposé plainte contre Face de bouc et le rectorat.

Juste une question : quand s’arrêtera donc cette réactivité politique d’affichage qui livre en pâture à la pression populaire un semblant de mesure pour apaiser la colère, sans véritable suite, alors même que les projecteurs de l’actualité se sont déjà détournés sur d’autres sujets ? L’opinion publique biberonnée aux réseaux sociaux exige des résultats immédiats. Alors le politique suit. Et quoi de plus visible que la répression.

Réaction que notre nouveau ministre de l’Education nationale s’est empressé d’enfourcher, proclamant sa ferme intention de se montrer implacable face au harcèlement. Dès la rentrée, il sera possible d’exclure l’élève fautif. « Ordre, ordre, ordre » avait proclamé Macron. « Châtiment, châtiment, châtiment » lui répond en écho son ministre !

Et si, au lieu de s’attaquer aux effets, l’école s’en prenait aux causes ? Mais quelle prévention est-il possible de mettre en œuvre quand notre système scolaire est totalement orienté vers la reproduction des élites ? La compétition induite ne prête ni à la compassion ou à la bienveillance, ni à la solidarité ou à la coopération. Que le meilleur gagne ! Et s’il faut marcher sur la tête du voisin, cela fait partie du jeu. S’il n’est pas que cela, le harcèlement est aussi le produit de cette conformation où l’adéquation aux normes est un atout et la différence une entrave. A les enfermer dans les exigences scolaires, celles et ceux qui y dérogent sont les proies potentielles à la stigmatisation. Et la startup nation que nous promettent nos dirigeants ne peut valoriser que les battants, les winners et… les tueurs. Allez, ensuite, combattre le harcèlement, en expliquant qu’il ne faut pas s’en prendre à son petit camarade, alors même que le principe même de la réussite scolaire est fondé sur la relégation des élèves qui ne réussissent pas. C’est toute une vision de la société qui est à en jeu. 

 

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Grandir d’un monde à l’autre
Quand on évoque le handicap, on donne le plus souvent la parole aux professionnels. Une petite association anime avec succès, depuis une dizaine d’années, un créneau peu exploité : celui de la transmission de la parole des personnes qui en sont atteintes et de leur famille.  Quand son premier fils naît, Olivier Raballand vit, comme bien de pères, le plus beau jour de sa vie. Mais, quand il...
Pourquoi discriminer la pauvreté est devenu un délit
Tenir des propos discriminatoires en raison d’une religion, d’une ethnie ou d’une orientation sexuelle est passible de sanction pénale. Étonnamment, le faire en raison de la pauvreté n’était pas pénalisé. Le combat mené à l’initiative d’ATD Quart Monde vient d’être couronné de succès. « Des enfants interdits de cantine parce que leurs parents sont chômeurs, une famille expulsée d'un musée parce ...
Bateaux de pêche pour jeunes délinquants
Répondre à la délinquance des jeunes par l’innovation Une expérimentation audacieuse vient d’être lancée par la Protection judiciaire de la jeunesse. Encouragée par les uns et vilipendée par les autres, le sujet fait polémique. Reportage. Finalement, la conférence sur le commerce des espèces sauvages menacées a rejeté, le jeudi 18 mars, l’interdiction de  la pêche du thon rouge. Ce n’est sans...
L’Algérie en pointe dans la protection de l’enfance
La loi de 2015 posant un cadre juridique protecteur global en faveur de l’enfance tant en danger que délinquante va nécessiter du temps pour s’appliquer au quotidien. S’ils concernent aux trois quart les jeunes délinquants, les 150 articles de la loi 15-12, adoptée par l’Assemblée Nationale Populaire Algérienne le 15 juillet 2015, prévoient aussi la protection sociale, juridique et judiciaire ...
Il y a loin de la coupe aux lèvres
La participation implique de s’engager, mais aussi d’en évaluer les effets induits. La sociologue américaine Sherry Arnstein a conçu en 1969 une échelle permettant de mesurer le degré d’association véritable des citoyens aux décisions. Le niveau le plus bas (n°1) relève d’une pure manipulation faisant croire qu’on écoute leurs avis, alors que ceux-ci n’auront aucune influence réelle sur les ...
Sillage Journal de bord
Lundi 22 avril: Le groupe qui avait fait en partie connaissance lors de l’après-midi de présentation du bateau se retrouve à pied d’oeuvre. Derniers préparatifs avant le départ: on charge les affaires en les calant bien après s’être réparti dans les cabines. Alain, le skipper rappelle les consignes de navigation et de sécurité. Sous les sourires percent les inquiétudes des uns (« et si quelqu’un tombe ...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


SE PROCURER LE LIVRE


« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org