On est toujours le terroriste de quelqu’un

La désignation d’un groupe comme terroriste est devenue, ces derniers temps, la seule et unique preuve tangible de sa réprobation des actes de barbarie commis au nom de la défense d’une cause, quelle qu’elle soit.

Nous avons pourtant la mémoire courte. Car ce terme a été régulièrement utilisé dans l’histoire pour désigner des organisations ou des personnalités qui, après quelques années, sont devenues d’honorables partis ou dirigeants politiques reconnus, voire honorés par la communauté internationale.

Remontons en arrière.

Nelson Mandela, emprisonné en 1964 pour les 27 ans qui suivirent, est élu Président d’Afrique du Sud en 1994. Pourtant, il figura jusqu'à 2008, avec son parti le Congrès national africain (ANC), sur la liste des terroristes, établie par les Etats-Unis.

Jusqu’en 1998, l’armée républicaine irlandaise (IRA) fut combattue par le Royaume uni comme une organisation terroriste, coupables d’innombrables attentats. Le Sinn Fein, sa branche politique, finit par entrer dans l’exécutif d’Irlande du Nord au point d’y devenir majoritaire en 2022.

Le Front de Libération Nationale algérien (FNL) se vit remettre le pouvoir par la France en 1962, après avoir été durement réprimé comme organisation terroriste par les autorités coloniales qui n’eurent de cesse de la pourchasser.

Commencée le 6 juin 1944, la libération de la France fut le fruit de l’intervention massive des armées alliées combinée à l’action des mouvements de résistance intérieure qui furent durement combattus par le régime de Pétain et les forces d’occupation nazies qui les traitaient … de terroristes.

Last but not least, de 1944 à 1948, Menahem Begin organisa près de trois cents attentats contre l’occupation de la puissance britannique qui considéra l’Irgoun qu’il dirigeait alors comme une organisation terroriste. A l’indépendance d’Israël, cette organisation militaire sera intégrée à l’armée du nouveau pays. En 1977, Menahem Begin deviendra pour les six années suivantes premier ministre de son pays.

Dans les conflits qui voient s’affronter le faible contre le fort, l’usage d’actes de terreur est fréquent, dans le conflit qui les oppose. Ce qui relève pour l’un d’un combat légitime contre une oppression ou pour la défense de sa survie peut toujours être assimilé par l’autre comme du terrorisme. Ce qui fut le cas de l’ANC, de l’IRA, de l’Irgoun ou de la résistance française alors que ceux-ci revendiquaient mener un combat de libération nationale. Aujourd’hui, il semble que l’histoire leur ait donné raison. Mais, hier, on en était loin.

La désignation de terrorisme fluctuant dans le temps, on est en droit de se demander s’il n’en sera pas de même un jour pour le Hamas. Les effroyables massacres que ce groupe a commis trouveront-ils, un jour, une légitimité ? Il est difficile de l’imaginer, tant l’horreur nous saisit face aux monstruosités commises. A la différence l’Etat d’Israël qui, lui, s’est vu attribuer d’emblée par certains un certificat d’honorabilité inconditionnelle semblant justifier les pires carnages. Pourtant, ces éternels ennemis que sont le Hamas et Israël, partagent tant de choses en commun : meurtre de masse, déportation ou transfert forcé de population, disparitions forcées de personnes, persécution de groupe, attaque contre des populations civiles etc... L’un comme l’autre cumule sans vergogne crimes de guerre sur crimes contre l’humanité.

Les partisans de chaque camp s’en prennent à ceux d’en face, tout en défendant le bien-fondé des horreurs que le sien commet. L’éthique commande de ne pas choisir entre la peste et le choléra et de plutôt prendre le parti des populations civiles, quelles qu’elles soient. Celles-là mêmes qui sont victimes à la fois du pogrom des terroristes intégristes et des bombardements aveugles d’Israël. Celles-là mêmes qui sont les otages de religions et d’idéologies nationalistes les incitant à se haïr et à s’exterminer mutuellement. Celles-là mêmes dont les générations précédentes ont vécu l’un des pires génocides que l’histoire ait connus et qui vivent actuellement un insupportable régime d’apartheid et d’asservissement colonial.

Rejetons les voix qui en appellent à la vengeance, aux représailles et aux tueries. Ecoutons celles qui prônent la réconciliation, le dialogue et l’apaisement

Utopique ? Oui, comme le fut, en son temps, un tel appel en Afrique du Sud le jour de l’emprisonnement de Nelson Mandela, en Irlande du Nord en pleine guerre civile, en Algérie sous la domination coloniale française ou dans cette Europe martyrisée par les nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

 

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 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

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