Livres
183 jours dans la barbarie ordinaire en CDD chez Pôle Emploi
BERGERON Marion, Plon, 2010, 235 p.
Voilà un récit mené avec un humour qui n’arrive pas à cacher ni l’écoeurement, ni la souffrance de son auteur. Appartenant à ces 1.840 CDD de six mois embauchés par Pôle emploi, en 2009, pour faire face à l’ampleur de la crise, Marion Bergeron nous décrit la misère et la détresse humaine, les dysfonctionnements et absurdités de son institution, l’impuissance et les épreuves endurées qu’elle a subis. Situation d’autant plus difficile à gérer, quand on n’a bénéficié d’aucune formation et qu’on arbore comme
L’hôpital à la dérive
SCHACHTEL Martine, Albin Michel, 2010, 222 p.
Notre système de santé possède des plateaux techniques à la pointe des innovations technologiques les plus récentes et des équipes soignantes particulièrement performantes. Il était considéré en 2000, par l’Organisation mondiale de la santé, comme le meilleur au monde. Il est aujourd’hui au bord du coma. Patients sur des brancards alignés les uns derrière les autres dans les couloirs, sans que quiconque ne puisse répondre à leur détresse ; encombrement permanent des urgences résultant de prises en
Les nouveaux psys. Ce que l’on sait aujourd’hui de l’esprit humain »
Meyer Catherine (sous la direction), Marabout, 2010, 789 p.
Voilà un livre de poche, dont le rapport qualité/prix est incomparable. Catherine Meyer, conceptrice du « Livre noir de la psychanalyse », qui avait fait couler tant d’encre en 2005, récidiva trois ans plus tard, en arguant que la psychanalyse ne représentant plus à l’échelle mondiale que 2,5 % des travaux universitaires, il était inconcevable de passer à côté de ce que pouvaient proposer les 97,5 % autres recherches. Elle a donc demandé à de jeunes psys d’aller à la rencontre de 37
Bien ensemble. Comment résoudre les problèmes relationnels
BURNS David, Belfond, 2010, 365 p.
La thérapie cognitive a, dans notre pays, une réputation sulfureuse, largement construite par les psychanalystes. Convenons qu’elle confine parfois aux recettes de cuisine, simplifiant avec outrance la complexité du psychisme humain. Pour autant, dès lors où l’on considère chaque approche thérapeutique comme explorant, à sa façon une facette de notre nature humaine, l’ouvrage de David Burns mérite d’être lu. D’abord pour son analyse pertinente des ressorts expliquant pourquoi nous n’avons pas toujours envie
La protection de l’enfance : gestion de l’incertitude et du risque. Recherches empiriques et regards de terrain
VOL Peter & all, Ed. IES, 2010, 264 p.
Voilà un ouvrage publié par la maison d’édition de la « Haute école de travail social » de Genève, qui mérite tout à fait le détour. Écrit à deux voix, celle de chercheurs et celle de praticiens de terrain, il nous donne à penser sur un dispositif de protection de l’enfance, qui pour être marqué du sceau de la spécificité de l’organisation cantonale suisse, n’en rejoint pas moins des préoccupations que l’on retrouve dans les autres pays. Le constat est commun, quelles que soient les dispositions
Enfants, adolescents maltraités-maltraitants. Comment peuvent-ils s’en sortir?
TISON Brigitte, Chronique Sociale, 2011, 206 p.
Brigitte Tison a décidé de relever un défi bien ambitieux : proposer des repères essentiels dans la problématique de la maltraitance. Et, elle s’en sort fort bien. Elle a réussi à éviter le risque d’être à la fois superficielle (en ne faisant que survoler la question) et désincarnée (en en parlant d’une manière abstraite, par trop détachée). Tout au contraire, son propos est documenté et charpenté théoriquement et se fonde sur une expérience clinique qui transparaît à travers les nombreuses
Vieillir vieux, vieillir mieux? Réenchantement et créativité
HARDY Laurence (sous la direction), Le Sociographe n°35, mai 2011, 128 p.
Le « vieux » est devenu une figure repoussoir, une catégorisation par exclusion qui privilégie le prisme de la démence, de la perte progressive d’autonomie et de la dépendance. Sans compter la notion de déficit : il est cet Autre soupçonné de puiser dans des ressources qui ne sont pas inépuisables (revenus, habitat, espaces de circulation). Mieux vaut parler de vieillissement, ce qui permet d’aborder ce double mécanisme concernant tout un chacun : on est toujours le
Malaise dans la relation. Des sentiments dans le travail social
SCHMITT Guy (sous la direction), Le Sociographe n°36, septembre 2011, 128 p.
Il est de coutume de considérer que la valeur économique accordée à une activité professionnelle serait inversement proportionnelle aux sentiments qui lui sont attachés. On ne travaillerait bien que dans une relation désaffectivée à l’autre, débarrassée de toutes les émotions parasites. Or, ce sont ces mêmes sentiments à l’égard d’autrui qui constituent le soubassement de toute relation d’aide. Ce paradoxe est au cœur du malaise des professions sociales. On ne peut
Ethnographie d’un parcours adolescent. Une jeunesse entre béton et bitume (Tome 1)
LE REST Pascal, L’Harmattan, 2010, 214 p.
« Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent » écrivait Antoine de Saint-Exupéry, dans la préface de son célèbre livre Le Petit Prince. Pascal Le Rest est de ceux qui ont échappé à cette amnésie. Le récit qu’il nous propose n’est pas seulement une plongée dans l’époque de sa propre adolescence que les cinquantenaires liront avec une nostalgie certaine. Il est aussi une tentative fort réussie d’identifier ce qui est transversal à toutes les
Ethnographie d’un parcours adolescent. Banlieue sud et le 17ème printemps (Tome 2)
LE REST Pascal, L’Harmattan, 2010, 214 p.
Le second tome du récit de Pascal Le Rest n’est pas la suite du premier, puisqu’il se situe chronologiquement dans la période qui le précède. Autant « une jeunesse entre béton et bitume » décrivait l’entrée dans l’âge adulte, autant « banlieue sud » évoque les années adolescentes. Aller de troquet en troquet, massacrer les flippers, découvrir les joies de l’ivresse, chahuter les profs, défier la mort sur sa mobylette, ses premiers flirts etc. Tout y est. On rit beaucoup. On s’attendrit parfois. On