Politique à la petite semaine

Depuis quelques décennies, nos gouvernements de gauche comme de droite ou du centre, se sont montrés dans l’incapacité de mesurer les effets à long terme des politiques publiques dans lesquelles ils engageaient le pays. Il s’avère que les économies effectivement réalisées sur le moment représentent, par la suite, un coût parfois considérable. Vérifions-le.

Depuis les années 1980, les ministères de la santé successifs n’ont eu de cesse que d’imposer une performance financière, une rationalisation gestionnaire et une rentabilisation des soins qui ont éreinté l’hôpital, réduisant ses capacités médicales et épuisant ses personnels. On le paie très cher aujourd’hui face à une pandémie qui ébranle un système profondément fragilisé.

Face à l’afflux des mineurs non accompagnés dont le nombre aurait quadruplé en dix ans, nos autorités ont décidé d’en accueillir certains, mais de laisser la plupart livrés à eux-mêmes dans les rues ou les campements de migrants. Confrontés au désespoir, à l’abandon et à l’absence de toute perspective d’avenir, certains d’entre eux plongent dans la délinquance ou la toxicomanie. On paie très cher aujourd’hui ces décisions politiques de laisser errer des mômes, en ne leur laissant d’autre choix que de survivre par tous les moyens.

Avec 30 à 40 % des familles vivant dans la précarité, nos banlieues constituent un pôle de misère et de ségrégation. En 2018, le plan ambitieux de Jean-Louis Borloo proposait de relever le défi. On lui préféra la réduction du coût du travail. En 2019, les entreprises se sont goinfrées de vingt milliards de crédits d’impôts et d’allègement de charges, suivis en 2020 de vingt autres milliards, avec la suppression de l’impôt sur la production. On paie très cher aujourd’hui un tel choix, quand les plus limités se laissent instrumentaliser par les sirènes obscurantistes qui leur promettent attention et reconnaissance.

Un décret en date du 1er novembre 2020 durcit les conditions d’accès à l’aide médicale d’État (AME) qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins est violemment critiquée. L'argument courant utilisé pour fustiger cette prestation est clairement xénophobe : les plus de 900 millions d’euros qui lui sont consacrés chaque année échappent au citoyen français. Raisonnement à courte vue : non seulement l’absence de traitement de maladies contagieuses dont cette population peut être potentiellement porteuse constitue un risque de santé publique, mais en cas d’aggravation, l’assistance apportée serait bien plus onéreuse que celle prodiguée en amont. La réduction de l'AME pourrait au final nous coûter bien plus cher.

A croire bien gérer le présent, il arrive parfois que l’on insulte l’avenir.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1283 ■ 10/11/2020

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Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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