Entre anomie et rigorisme

Le foulard islamique que porte une femme serait un signe d’oppression en Iran et de liberté en France. Alors qu’à la fin des années 1960, des lycéennes peuvent enfin porter un pantalon, la robe leur étant imposée jusque-là, cinquante ans plus tard, d’autres revendiquent de couvrir leur chevelure décrétée impudique par leur religion. Sauf à conjuguer à l’envers le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie, on aura quand même du mal à démontrer que l’émancipation passe par un signe de subordination. On a aussi connu l’affaire les « crop-top ». Hors de ma vue ces nombrils féminins qu’ils laissent apparaître. Les femmes ne doivent plus se voir imposer une norme vestimentaire, entend-on en réaction. Et si, pour rétablir la parité, on interdisait à l’école ces tee-shirts masculins largement échancrés aux aisselles qui offrent une vue plongeante sur la poitrine ? Et puis, voilà ces amples tuniques portées par les filles (bayas) et les garçons (qamis), qui seraient le symbole d’une pudeur exigée par la religion islamique. Plus « progressiste », la journée de la jupe que des lycéens revêtent parfois, par solidarité avec leurs copines qui en ont marre de se faire siffler, quand elles en portent. Tyrannie de l’apparence pour certains, support à l’estime de soi pour d’autres, emblème du statut social pour d’autres encore, le vêtement est le support de notre culture et de la morale ambiante, des revendications d’appartenance et des idéologies contestées, de la liberté individuelle et des conventions du vivre ensemble. Si l’absence totale d’interdit dans l’accoutrement que chacun(e) adopte est à proscrire, au risque de voir les naturistes se balader nus dans le métro, le carcan identitaire imposé par une censure normative l’est tout autant. Reste à trouver la bonne position du curseur entre ces deux extrêmes, en répondant au cas par cas, ce qui relève de la soumission non librement consentie ou d’un choix éclairé. Quadrature du cercle !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1330 ■ 03/01/2023

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Start’air - jeunes
Start’air - jeunes : une opération - prévention - été a l’oeuvre ! L’histoire  de  START’AIR est une histoire assez exemplaire qui montre comment municipalités, associations et professionnels du social peuvent se combiner dans une synergie aboutissant à un dispositif à la fois souple et efficace. Plantons d’abord le décor: cela commence en 1990 près de St Nazaire à l’embouchure de la Loire. Quatre...
Institut pour déficient visuel - Vertou (44)
Les Hauts Thébaudières « Pourriez-vous m’indiquer où se trouve l’accueil ? » Perdu au milieu des bâtiments, je m’adresse à une préadolescente et son accompagnatrice qui croisent ma route. La jeune fille n’hésite pas un seul instant pour me répondre. Son visage porte les stigmates de la malvoyance. Me précédant dans le bâtiment dans lequel elle entre d’un bon pas, elle se guide avec sa cane et...
Un dispositif de prévention précoce: le Relais parental
Quand un placement d’enfants intervient, on se demande souvent comment on aurait pu l’éviter. Mais il est trop tard. Les relais parentaux, eux y pensent avant. Il arrive parfois qu’une famille soit confrontée à une difficulté majeure dans la relation à ses enfants: maladie ou hospitalisation d’un parent, horaire de travail très décalé, brutale montée de tension, difficulté psychologique...
Cheval Sophie - Tyrannie de l'apparence
dans Interviews
Agir plutôt que subir Sophie Cheval est psychologue, psychothérapeute et auteure La tyrannie de l’apparence, si elle s’impose à tous, n’est pas pour autant une fatalité, pour peu qu’on sache en devenir maître, plutôt que de se faire instrumentaliser par elle. C’est là toute la démonstration de Sophie Cheval qui nous explique non seulement sa genèse et ses conséquences sur notre mode de vie, mais qui ...
D’Elin à Wilson: comment ne plus laisser des ados à la rue
Face aux carences de la solidarité que devrait assurer l’action sociale, la société civile s’organise et se mobilise un peu partout en France. Illustration à Nantes avec l’association Solidarité Jeunes Majeurs et Mineurs Isolés Étrangers (SJMMIE). Ils s’appellent Mamadou ou Hakourou, Abdoulaye ou Djibril, Locénie ou Galadio, Modibo ou Baba. Ils sont âgés de 15 à 17 ans et viennent du Mali, de ...
Survivre en squat (44)
Après l’évacuation policière de deux squats, sur Nantes, le 7 mars  un troisième résiste grâce au soutien de trois travailleurs sociaux. Les papiers d’identité d’Aboubacar, qui est arrivé de Guinée Conacry à 16 ans, avaient pourtant été validés par la police de l’air et des frontières. Le procureur a demandé un test osseux sensé déterminer son âge. Preuve non scientifique, car laissant une marge ...




Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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