Sociologie
Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe
VAN DE VELDE Cécile, Puf, 2008, 278 p.
Les frontières entre l’adolescence et l’âge adulte sont devenues floues. La jeunesse apparaît mouvante et réversible, alors que, dans le même temps, la période où l’on peut pleinement s’assumer, semble de plus en plus retardé et inaccessible. L’imprégnation culturelle complexifie encore cette phase de transition. C’est ce que Cécile Van de Velde nous illustre ici, dans une étude passionnante qui compare les modalités de passage à l’âge adulte, dans quatre pays d’Europe. Première nation étudiée, le
Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable?
Michel LACROIX, Flammarion, 2007, 197 p.
Avoir un idéal est indispensable pour les uns, car rien ne définit plus l’être humain que de donner un sens à sa vie. C’est une attitude à proscrire pour les autres, tant l’excès, la désillusion et la dépendance que cela induit peuvent être destructrices. Et il est vrai que si la mise en œuvre d’idéaux sociaux et politiques a permis de transformer le monde, elle a aussi constitué le plus court chemin vers l’enfer. Peut-on éviter le pire et préserver le meilleur ? C’est à cette question que répond
Vies ordinaires, vies précaires
Guillaume LE BLANC, Seuil, 2007, 294 p.
« Amis de la philosophie, bonsoir ». Dans un style dense et parfois complexe, jouant sur les mots et mettant les mots en jeux, Guillaume Le Blanc nous propose une réflexion roborative et décapante qui réjouira le lecteur osant se risquer sur les chemins parfois escarpés qu’il propose. L’expérience de la précarité, explique l’auteur, est avant tout une précarisation de l’expérience. Elle implique un repli progressif vers des sphères toujours plus limitées dans lesquelles la visibilité sociale est
Les campeurs de la république. 70 ans de vacances utopiques
LEFEUVRE-DÉOTTE Martine, éditions Bourin, 2006, 268 p.
Les débuts du camping remontent à 1865, date à laquelle l’alpiniste anglais Edouard Whymper utilisa pour la première fois une tente dans son ascension du massif du Cervin. Mais c’est la démocratisation des loisirs qui constitue le véritable déclencheur de cette pratique. Pendant longtemps, seules l’aristocratie puis la bourgeoisie purent consacrer leur temps libre à l’évasion et à la détente. L’accès aux vacances des « gens de peu » était limité par le coût des séjours en hôtel. C’est
Pourquoi la politesse? Le savoir-vivre contre l’incivilité
Dominique PICARD, Seuil, 2007, 238 p.
La politesse a pu être considérée comme désuète, dépassée, poussant à l’artifice et au mensonge. Pourtant, le savoir-vivre est l’un des piliers essentiels de la socialisation. Il appartient à ces rituels institués qui permettent de réduire les incertitudes. Les règles de politesse sont un outil indispensable pour sécuriser face à l’angoisse de l’inconnu, assurer la conciliation entre des exigences contradictoires inhérentes à la vie sociale et assumer une fonction régulatrice au sein de la communauté
La société des victimes
Guillaume ERNER, La Découverte, 2006, 224 p.
La meilleure façon de comprendre une époque, c’est de s’intéresser à ses obsessions. La nôtre est obnubilée par les victimes qui ont tout envahi. Pourtant, le spectacle de la souffrance n’a pas toujours inspiré les mêmes sentiments. Pendant des siècles, les hommes ont cohabité stoïquement avec elle. Si la démocratie l’a rendue insupportable et scandaleuse, c’est parce l’idéal d’égalité et de fraternité fait percevoir le malheur de l’autre comme si c’était le sien. Même si l’on semble trop souvent
Le temps de victimes
Caroline ELIACHEFF, Daniel SOULEZ LARIVIERE, Albin Michel, 2006, 295 p.
Il existe un lien étroit entre la démocratie et les victimes. Que la compassion éprouvée face à la souffrance d’autrui soit à géométrie variable, versatile ou émoussée, elle nous révèle à quel point, nous nous sentons égaux. L’émotion compassionnelle est devenue, depuis une vingtaine d’années, une qualité première qui semble attester de la validité d’une citoyenneté exemplaire. Elle a pris une dimension telle que « les citoyens peinent à jouir d’être ensemble, au point
La mort au quotidien. Contribution à une sociologie de l’imaginaire, de la mort et du deuil
Patrick LEGROS, Carine HERBE, érès, 2006, 154 p.
Toutes les sociétés ont été préoccupées par la mort. Quel que soit l’époque, elles continueront à être hantées par le deuil. Pour autant, la modernité a inauguré un cours nouveau : la volonté d’évacuer ces décès devenus encombrants pour les vivants. Quelle est la raison de cette profonde mutation ? Jusqu’au XVIIIème siècle, la mort est proche, fréquente et familière. La mortalité infantile forte de 250 pour mille ne permet pas de compter sur une espérance de vie supérieure à 28 ans. Quand le
Plus jamais seul. Le phénomène du portable
Miguel BENASAYAG, Angélique DEL REY, Bayard, 2006, 112 p.
Nous sommes à ce point habitués au spectacle mi-affligeant, mi-amusant de ces voyageurs qui, à peine sortis de l’avion ou du train, se précipitent d’une manière compulsive sur leur portable pour consulter leur écran, qu’on ne réfléchit plus aux conséquences anthropologiques de l’utilisation de cet appareil. C’est justement ce que nous proposent ici les auteurs dans un essai dans lequel l’intelligence le dispute à la pertinence. Qu’il est utile pourtant de pouvoir rester en lien
La dignité humaine
Jean-François POISSON, éditions études hospitalières, 2004, 124 p.
S’il est bien une notion autant imprécise que confuse qui est galvaudée, mise à toutes les sauces et agitée comme une formule incantatoire, c’est bien celle de dignité. Aussi, le petit livre de Jean-François Poisson est-il le bienvenu dans son essai de clarification et de définition de ce concept. L’auteur commence par évoquer le mouvement « deep ecology » qui conteste l’existence même de la dignité humaine, en déniant à notre espèce tout droit à réclamer un traitement